Quatennens condamné à 4 mois de prison avec sursis pour des "violences" sur son épouse
Le député LFI du Nord, Adrien Quatennens, a été condamné mardi à Lille dans une procédure de plaider-coupable à 4 mois de prison avec sursis notamment pour des "violences" sur son épouse, épilogue judiciaire d'une affaire qui l'a mis au ban de la politique.
Le député, en jean bleu et doudoune noire, est condamné pour "violences sans incapacité commises par conjoint" entre octobre et décembre 2021, ainsi que pour "envoi régulier et malveillant de messages" à son épouse, par SMS et WhatsApp, entre août et septembre 2022.
Son avocate, Me Jade Dousselin, avait affirmé que deux faits avaient été retenus par le parquet: une gifle infligée à sa femme "il y a plus d'un an" dans un contexte "d'agressivité mutuelle", ainsi que des SMS envoyés après la séparation du couple et "dont l'absence de caractère malveillant" a "été reconnue".
Il devra également verser 2.000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral.
Cette peine a été proposée mardi matin par la procureure de la République de Lille à M. Quatennens, qui l'a acceptée. Elle a ensuite été homologuée publiquement par un juge, à l'issue d'un huis clos prononcé pour "assurer le respect de la vie privée et intime des personnes" ainsi que la "sérénité des débats".
Son épouse Céline était présente dans la salle d'audience, accompagnée d'un avocat.
La peine désormais connue, se pose la question du retour ou non de l'ex numéro 2 de LFI dans l'hémicycle, ainsi que de sa place au sein du groupe parlementaire. Il reste pour l'instant exclu des activités de son groupe.
"Le sujet sur lequel nous réfléchissons, c'est quelles sont les conditions, quelles sont les modalités d'un éventuel retour", avait déclaré lundi sur France Inter le député LFI des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, qui doit bientôt prendre la tête de la nouvelle coordination de LFI, après le retrait d'Adrien Quatennens.
"Personne" au sein du groupe parlementaire ne considère qu'un "retour est impossible", avait-il assuré, au moment où son parti est plongé dans des querelles internes sur sa direction.
- Appel à la démission -
La députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain avait insisté lundi dans Libération sur la nécessité de "prendre au sérieux la parole de Céline Quatennens", mais aussi de "se soucier de la réhabilitation d'Adrien Quatennens, sujet souvent éludé".
L'intéressé, lui, "compte revenir", mais il se pliera aux "conditions soumises par le groupe", avait affirmé lundi son entourage.
Des alliés socialistes et écologistes de LFI ont eux appelé à la démission du député.
Jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC ou "plaider-coupable"), M. Quatennens est arrivé au tribunal aux alentours de 8H30 par une porte dérobée, évitant les journalistes massés devant l'entrée principale, ainsi que quatre militantes du collectif féministe #NousToutes, brassard violet au bras, présentes à l'extérieur pour réclamer sa démission.
Une dizaine d'élus et militants LFI s'étaient également rassemblés dans un froid glacial afin de le soutenir.
"On ne peut pas le comparer à des gens qui tabassent leur femme, qui mettent du GHB dans des verres", avait déclaré à l'AFP le maire LFI de Faches-Thumesnil, Patrick Proisy.
"Nous, on espère qu'il revienne. On ne peut pas se passer d'un orateur comme Adrien Quatennens dans le combat qui se prépare sur les retraites", a-t-il ajouté.
Engagé dans une procédure de divorce conflictuelle, M. Quatennens n'a pas pris la parole depuis la révélation de l'affaire mi-septembre dans le Canard enchaîné, en dehors d'un long communiqué sur Twitter pour annoncer son retrait du poste de coordinateur LFI.
Son épouse Céline, qui a porté plainte en septembre après avoir d'abord déposé deux mains courantes, a dénoncé deux mois plus tard dans un communiqué à l'AFP des "violences physiques et psychologiques" exercées depuis "plusieurs années" par son mari, évoquant "ses colères" et "ses crises".
Jean-Luc Mélenchon, qui avait dans un premier temps affiché son soutien à son poulain, provoquant l'ire des militants féministes et une crise chez LFI, ne s'est pas exprimé depuis.
L.M. Del Campo--ESF