L'Ukraine s'efforce de rétablir l'électricité après des bombardements massifs russes
L'Ukraine s'attelait samedi à rétablir l'électricité après les nouvelles frappes de missiles russes qui ont provoqué des coupures de courant à travers le pays, dénoncées comme des crimes de guerre par l'Union européenne.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné ce nouvel "exemple de la terreur aveugle du Kremlin", des "attaques cruelles et inhumaines" contre la population qui "constituent des crimes de guerre".
L'UE a d'ailleurs approuvé de nouvelles sanctions visant Moscou qui interdisent notamment l'exportation de moteurs de drones vers la Russie ou des pays tiers à même de les lui fournir.
De son côté, la France a condamné les bombardements russes de vendredi. "Ces actes constituent des crimes de guerre et n'affaiblissent en rien la détermination de la France à soutenir l'Ukraine et à lutter contre l'impunité", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Au total, 74 missiles --principalement des missiles de croisière-- ont été tirés par la Russie vendredi, dont 60 ont été abattus par la défense antiaérienne, selon l'armée ukrainienne.
Partout dans le pays, des interventions sont en cours pour rétablir l'électricité.
"Nos ingénieurs et nos équipes de réparation ont déjà commencé à travailler pendant l'alerte aérienne et font tout leur possible pour rétablir la production d'électricité et son approvisionnement. Cela prend du temps. Mais ce sera fait", a déclaré le président ukrainien.
A Kiev, le maire Vitali Klitchko a précisé que seul un tiers des habitants avaient de l'eau et du chauffage, et 40% de l'électricité.
Trois personnes sont mortes à la suite d'une frappe russe qui a touché un immeuble résidentiel à Kryvyï Rig (sud), selon le gouverneur régional.
De leur côté, les autorités prorusses de la région de Lougansk, dans l'Est, ont accusé les forces ukrainiennes de tirs d'artillerie sur deux localités, faisant 11 morts et 17 blessés vendredi.
Confrontée à une série de revers militaires cet automne, la Russie a opté depuis octobre pour une tactique de frappes massives visant la destruction des réseaux et transformateurs électriques de l'Ukraine, plongeant des millions de civils dans le froid et l'obscurité en plein hiver.
Avec cette nouvelle vague de bombardements russes vendredi, "il faudra peut-être plus de temps qu'avant pour rétablir l'électricité", a alerté sur Facebook l'opérateur électrique national Ukrenergo, qui a précisé que "l'électricité (serait) fournie en priorité aux infrastructures essentielles: hôpitaux, services d'eau, installations de chauffage, stations d'épuration des eaux usées".
- "Je survivrai" -
Dans la capitale, emmitouflés dans leurs manteaux, assis par terre ou sur les marches des escalators, certains habitants ont passé plusieurs heures à l'abri dans le métro.
"Ce matin je me suis réveillée, j'ai vu un missile dans le ciel, et je n'étais pas surprise. Je l'ai vu et j'ai su que je devais aller dans le métro", a confié Lada Korovaï, une actrice de 25 ans.
A Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays, les autorités ont annoncé dans la soirée avoir rétabli le courant à 55%. Selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov, 85% des habitants de la région avaient accès à l'électricité vendredi soir.
Dans la ville de Bakhmout, que Moscou tente inlassablement de conquérir, un camion semi-remorque est venu livrer quelque 200 poêles à bois, distribués ensuite aux habitants par des volontaires, a constaté l'AFP.
Oleksandra, 85 ans, est venue chercher des médicaments.
"Je survivrai à l'hiver, je marcherai davantage pour me réchauffer, j'ai entendu parler d'un point de chauffage mais je pense que ce n'est pas quelque chose de bien organisé", dit-elle à l'AFP.
Non loin, à Kramatorsk, le courant était coupé en fin d'après-midi et la population n'avait plus accès au réseau téléphonique, a constaté l'AFP.
- Sommet Poutine-Loukachenko -
Les présidents russe et bélarusse Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko doivent se retrouver lundi à Minsk pour un sommet destiné à resserrer encore leur alliance.
Le Bélarus, seul allié de la Russie dans cette guerre, a prêté son territoire pour permettre l'assaut russe sur Kiev au début de l'invasion le 24 février.
Selon M. Loukachenko, le sommet sera "avant tout (consacré) à la sphère économique", mais les deux dirigeants parleront aussi de "la situation politico-militaire autour de (leurs) pays".
Dans un entretien publié jeudi, le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valéry Zaloujny s'est dit convaincu que la Russie allait tenter une nouvelle attaque sur Kiev dans les premiers mois de 2023.
Pour sa part, le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a prévenu que Moscou se préparait à une guerre longue contre l'Ukraine à laquelle les alliés de l'Alliance doivent continuer de fournir des armes jusqu'à ce que M. Poutine réalise qu'il "ne peut pas gagner sur le champ de bataille".
"Nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Elle se prépare pour une guerre longue", a déclaré M. Stoltenberg à l'AFP. "Nous voyons qu'elle mobilise davantage de forces, qu'elle est prête à subir également de nombreuses pertes, qu'elle essaie d'avoir accès à davantage d'armes et de munitions".
K.Baro--ESF