Attentat de Nice: nouveau procès à venir après l'appel de deux condamnés
Il y aura un second procès de l'attentat de Nice : les deux hommes condamnés à dix-huit années de réclusion pour leur implication dans l'attaque au camion-bélier du 14 juillet 2016 ont fait appel du verdict rendu le 13 décembre après plus de trois mois de débats.
Jugés avec six coaccusés et condamnés aux peines les plus lourdes, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb avaient été déclarés coupables d'association de malfaiteurs terroriste (AMT) pour leur implication dans cet attentat qui avait fait 86 morts et 450 blessés le 14 juillet 2016, sur la Promenade des Anglais.
L'auteur de l'attaque, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, 31 ans, avait été tué par la police à l'issue de sa course meurtrière.
"Seuls Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb ont interjeté appel de la décision rendue par la cour d'assises spécialement composée de Paris", a indiqué lundi à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat).
Aux termes d'un verdict globalement salué par les familles de victimes, leurs six coaccusés avaient été condamnés pour des infractions de droit commun à des peines allant de deux à douze ans de prison.
Suivant l'analyse du Pnat, la cour avait ainsi renoncé à retenir la qualification terroriste à l'encontre de Ramzi Arefa, un Niçois de 28 ans condamné à douze ans de réclusion pour avoir remis une arme à Lahouaiej Bouhlel mais qui ignorait, selon l'accusation, sa "radicalisation".
- Déclarations "mensongères" -
En condamnant MM. Ghraieb et Chafroud à dix-huit années de réclusion, la cour était en revanche allée au-delà des réquisitions du parquet antiterroriste, qui réclamait quinze années de prison à leur encontre.
"La gravité des faits commis par Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud est tout à fait exceptionnelle", avait estimé la cour, fustigeant également leurs explications "mensongères, inconsistantes, partielles ou évasives".
A l'audience, leurs avocats avaient plaidé l'acquittement, fustigeant notamment la "pauvreté" des preuves présentées contre eux.
Dans ses motivations, la cour composée de cinq magistrats professionnels avait relevé la "convergence idéologique" entre M. Ghraieb, ressortissant franco-tunisien de 47 ans, et l'assaillant, auteur d'"un acte terroriste inspiré par la propagande jihadiste".
Si M. Ghraieb était "soucieux de donner de lui une image lisse et respectueuse des règles et valeurs de la République", il était "enclin à exprimer en privé un soutien aux auteurs d'attentats", avait indiqué la cour en se basant sur ses échanges sur les réseaux sociaux.
La cour avait également pointé la somme de 2.000 euros que l'accusé avait remise la veille de l'attentat à Lahouaiej Bouhlel pour lui racheter une voiture.
M. Ghraieb "savait qu'en remettant cette somme en numéraire à une personne radicalisée, qui tenait un discours de haine, soutenait les auteurs d'attentats et qui s'était donné les moyens logistiques d'un passage à l'acte violent, il contribuait à la préparation d'un acte terroriste", avaient estimé les juges.
La cour avait par ailleurs fait de Chokri Chafroud, Franco-Tunisien de 43 ans, "un véritable inspirateur de l'attentat non pas dans les mobiles religieux ou idéologiques de son action mais dans le choix de son mode opératoire".
Elle s'était notamment fondée sur les messages échangés sur Facebook avec son ami Lahouaiej Bouhlel, où M. Chafroud lui suggérait d'utiliser "un camion comme arme de destruction".
Dans ses motivations, la cour avait toutefois reconnu que ni l'information judiciaire ni les débats d'audience n'avaient "permis d'éclairer toutes les zones d'ombre du dossier" ou de "donner du sens à tous les faits, gestes et messages laissés par Mohamed Lahouaiej Bouhlel tout au long de son parcours criminel".
R.Salamanca--ESF