Ukraine: l'hélicoptère du ministre de l'Intérieur s'écrase, 14 morts
Le ministre ukrainien de l'Intérieur Denys Monastyrsky a été tué mercredi près de Kiev dans le crash de son hélicoptère qui a fait au moins 14 morts dont un enfant d'une école maternelle, alors qu'il se rendait sur la ligne de front en pleine guerre avec la Russie.
L'appareil, un Super Puma EC-225 (Airbus Helicopters, ex-Eurocopter) selon le Service d'Etat pour les situations d'urgence (SES) auquel il appartenait, s'est écrasé à 08H20 à Brovary, près de Kiev. "Le bâtiment de l'école maternelle a été touché, et le feu a par la suite gagné les fenêtres d'un immeuble de quatorze étages et trois voitures", a indiqué le SES sur Telegram, précisant qu'il y avait 9 personnes à bord de l'appareil dont le ministre et son adjoint.
Selon un dernier bilan du SES revu à la baisse en début d'après-midi, il y a 14 morts dont un enfant, et 25 blessés hospitalisés dont 11 enfants. Le déblaiement des décombres était toujours en cours.
Ce crash, survenu quatre une frappe de missile russe qui a fait 45 morts à Dnipro, dans l'est de l'Ukraine, a suscité une vive émotion.
- "Peine indicible" de Zelensky -
"Notre peine est indicible", a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans un message en ligne, évoquant tant le fait que le crash avait touché une écoles maternelles, que la mort du ministre de l'Intérieur, de son adjoint Ievgueni Ienine et du secrétaire d'Etat à l'Intérieur Youriï Loubkovytch.
Il a indiqué avoir ordonné une enquête sur les causes du crash.
Les Services de sécurité ukrainiens ont indiqué envisager toutes les pistes, y compris une "action délibérée de destruction". La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a proposé à Kiev le "soutien" de Berlin dans ces investigations.
Sur place on pouvait voir des débris calcinés de l'hélicoptère appuyés contre la façade noircie d'un immeuble d'habitation, écrasant partiellement une voiture, et le bâtiment de l'école maternelle partiellement détruit, autour duquel s'affairaient toujours les secours.
"J'ai appelé un ami qui vit là. Il m'a dit que quelque chose était tombé sur l'école maternelle, qu'il avait aidé trois enfants de six-sept ans à sortir et s'était occupé d'eux", a dit un adolescent à l'antenne de la chaîne ukrainienne Sulpine.
"Il m'a dit de venir, nous avons aidé à dégager des voitures pour permettre aux secours d'arriver", a-t-il ajouté.
"Le but de ce vol (était d'aller) vers l'un des points chauds de notre pays où se déroulent les combats", a déclaré Kyrylo Timochenko, adjoint au chef de cabinet du président, à la télévision ukrainienne. Différentes sources ont affirmé que l'appareil se rendait à Dnipro, ou dans la région de Kharkiv (nord-est).
Les responsables ukrainiens, comme le Premier ministre Denys Chmygal sur Telegram, ont qualifié de "grande perte" la mort de Denys Monastyrsky, 42 ans, un ancien avocat qui avait rallié le parti de Volodymyr Zelensky.
- Condoléances des Occidentaux -
Ganna Malyar, la vice-ministre de la Défense qui a indiqué l'avoir connu de longue date, a décrit un homme représentatif de la nouvelle génération de responsables amenés au pouvoir avec lui par le président Zelensky.
Dans ce pays resté longtemps marqué par l'héritage soviétique, "il était le premier ministre de l'Intérieur pour lequel la valeur suprême était la personne et ses droits", a-t-elle dit.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déploré sur Twitter le décès d'"un grand ami de l'UE".
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, les Services du Premier ministre britannique, l'ambassade des Etats-Unis notamment ont présenté leurs conlodéances à l'Ukraine.
La Russie, qui n'a fait aucun commentaire, continuait dans le même temps à exercer sa pression, tant sur le front de l'est du pays où son armée tente de reprendre l'avantage, que par des déclarations du Kremlin ou de ses porte-paroles.
- Poutine n'a "aucun doute" -
Le président Vladimir Poutine a ainsi assuré mercredi n'avoir "aucun doute" sur une victoire russe qui est "garantie", près d'un an après le début de l'opération russe sur le territoire ukrainien.
Il a maintenu que la Russie affrontait un "régime néonazi" en Ukraine et a affirmé qu'elle allait continuer d'"aider" la population de l'Est séparatiste ukrainien, lors d'un déplacement dans une usine d'armements à Saint-Pétersbourg.
Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a été plus loin encore, comparant les actions des pays occidentaux contre son pays à la "solution finale" du régime nazi pour exterminer les Juifs.
"Tout comme Napoléon a mobilisé presque toute l'Europe contre l'Empire russe, comme Hitler a mobilisé et conquis la plupart des pays européens pour les lancer contre l'Union soviétique, aujourd'hui les Etats-Unis ont monté une coalition" contre Moscou, a déclaré M. Lavrov, lors d'une conférence de presse.
Leur tâche est "la même: la +solution finale+ à la question russe. Tout comme Hitler voulait résoudre la question juive, désormais, les dirigeants occidentaux (...) disent sans ambiguïté que la Russie doit subir une défaite stratégique", a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent près de 11 mois après le déclenchement de l'offensive en Ukraine, où les forces russes ont essuyé ces derniers mois plusieurs revers importants.
Face à ces difficultés sur le terrain, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de 300.000 réservistes et une campagne de bombardement des infrastructures énergétiques ukrainiennes.
F.Alegria--ESF