Turquie: deux personnes secourues treize jours après le séisme
Deux personnes ont été sauvées samedi après avoir été extraites des décombres d'un immeuble effondré à Hatay, dans le sud de la Turquie, 13 jours après le séisme qui a frappé cette région faisant plus de 43.000 morts.
Presque 300 heures après ce tremblement de terre de magnitude 7,8 survenu le 6 février dans le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, les chances de retrouver des survivants s'amenuisent de jours en jours.
Il s'agit de la catastrophe naturelle la plus meurtrière dans la région depuis des siècles.
Les équipes de sauveteurs turcs ont retrouvé des survivants tout au long de la semaine qui avaient pourtant longtemps été coincés sous les décombres par une température glaciale.
Mais le nombre de ces rescapés s'est réduit à une poignée depuis ces derniers jours.
L'une des personnes tuées est l'ancien international ghanéen Christian Atsu, dont le corps a été retrouvé sous un immeuble effondré dans la ville d'Antakya.
Son décès a été confirmé par Murat Uzunmehmet, son agent en Turquie, cité par l'agence privée turque DHA, mettant fin à près de deux semaines d'inquiétude et de recherches pour les proches du footballeur de 31 ans.
L'agence de presse d'État Anadolu a diffusé des images du sauvetages des rescapés retrouvés samedi.
On y voit un homme et une femme sur des civières après avoir passé 296 heures piégés dans les décombres à Antakya, ainsi qu'un enfant qui a succombé quelques minutes après les efforts entrepris pour le sauver, selon l'agence.
Le ministre turc de la Santé, Fahrettin Koca, a publié une vidéo de la femme âgée de 40 ans dans un hôpital de campagne alors qu'elle recevait des soins.
"Elle est consciente", a-t-il tweeté.
Vendredi, un homme de 45 ans avait été extrait des décombres, plusieurs heures après trois autres rescapés, dont un garçon de 14 ans, encore vivants sous les gravats.
Les réactions enthousiastes des témoins sur place ces derniers jours après chaque sauvetage se sont atténuées.
Vendredi, le vice-président turc Fuat Oktay a déclaré que les efforts de sauvetage se poursuivaient sur quelque 200 sites alors que les équipes étaient engagées dans une course contre la montre pour retrouver plus de survivants.
- Normes de construction laxistes -
Le tremblement de terre, survenu dans l'une des zones sismiques les plus actives au monde, a frappé des zones habitées où les constructions n'étaient pas en mesure de résister à des secousses aussi puissantes.
Des responsables officiels et des médecins ont déclaré que 39.672 personnes sont mortes en Turquie et 3.688 en Syrie dans la catastrophe, portant le total confirmé à 43.360 tués.
Le drame soumet le président turc Recep Tayyip Erdogan à une forte pression en raison de la lenteur des sauvetages et des déficiences de la construction.
En 1999, à la suite d'un tremblement de terre qui avait fait plus de 17.000 morts dans le nord-ouest de la Turquie, les autorités avaient promis que des réglementations en matière de construction seraient renforcées.
Le bâtiment où le footballeur Atsu a péri, un immeuble de luxe de 12 étages, avait été construit en 2013 lorsque la Turquie avait des normes de construction plus strictes.
La police turque a depuis arrêté l'entrepreneur du bâtiment alors qu'il tentait de fuir le pays, a rapporté Anadolu la semaine dernière.
Les policiers ont aussi arrêté des dizaines d'entrepreneurs alors que le gouvernement promet de sévir contre les normes de construction laxistes.
Plus de 84.000 bâtiments se sont effondrés, doivent être démolis d'urgence ou ont été gravement endommagés lors du séisme, a déclaré vendredi le ministre turc de l'Environnement, Murat Kurum.
- "Pas le droit de partir" -
L'une des régions durement touchées est Antakya, un ancien carrefour de civilisations.
L'opticien Cuneyt Eroglu, 45 ans, passe au crible les décombres de son magasin de lunettes Kubat. La ville a subi plusieurs tremblements de terre - près d'un tous les 100 ans - et n'est pas étrangère à la reconstruction.
"Nous allons nettoyer et continuer à vivre ici", a-t-il déclaré au milieu de ses montures tordues.
La rue qui passe devant sa boutique n'a pas encore été vidée de ses gravats et des structures métalliques pliées.
Eroglu, dont la famille a échappé au tremblement de terre, vit maintenant dans une tente dans un village à l'extérieur d'Antakya. "Ce ne serait pas juste de quitter Antakya", a-t-il déclaré.
S.Lopez--ESF