El Siglo Futuro - Grèce: le pari de reboiser une ancienne forêt pour "resister aux feux"

Madrid -
Grèce: le pari de reboiser une ancienne forêt pour "resister aux feux"
Grèce: le pari de reboiser une ancienne forêt pour "resister aux feux" / Photo: © AFP/Archives

Grèce: le pari de reboiser une ancienne forêt pour "resister aux feux"

Sur les collines du village d'Agios Konstantinos, à l'Est d'Athènes, éprouvées par de violents incendies il y a deux ans, un projet en cours doit permettre de faire renaître une forêt ancienne en utilisant des arbres "résistants aux feux", selon des experts.

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Environ 4,9 hectares de pinède entourant ce village près du port de Lavrio, à 50 km d'Athènes, ont été anéantis par les flammes lors de la canicule de l'été 2021 imputée en partie au changement climatique et qui a déclenché de très importants incendies de forêts en Grèce.

Au total 84 incendies, les plus terribles des treize dernières années, ont ravagé 32.000 hectares de terre à travers le pays, selon l'Observatoire national d'Athènes.

Déjà victime d'un premier incendie en 2012, la forêt d'Agios Konstantinos ne pouvait plus se régénérer naturellement. Le moment était donc venu d'abandonner le pin et de diversifier la flore, affirme Nikos Georgiadis, responsable de la gestion des forêts de l'ONG de défense de l'environnement WWF en Grèce.

La résine de pin est naturellement inflammable, le projet consiste donc à planter des arbres comme les chênes qui existaient auparavant dans cette zone, a expliqué ce responsable lors d'une visite du site avec des journalistes.

Pendant des siècles, la forêt était un "mélange forestier dense" comprenant chênes, caroubiers et arbres de Judée.

"Certains vieux chênes restent encore aujourd'hui sur ces collines et il y a même des buissons de chêne, la preuve de l'existence de forêts plus étendues par le passé", explique à l'AFP Nikos Georgiadis.

Yiorgos Machairas, employé de l'agence forestière de Lavrio, affirme qu'un chêne âgé de "150 ans" survit encore sur le site.

- 15.000 arbres -

Au Ve siècle avant notre ère, les mines d'argent de Laurium -- nom antique de Lavrio -- étaient connues pour avoir fait d'Athènes une "superpuissance navale" dans l'Antiquité, selon des historiens.

Presque 2.300 ans plus tard, en 1864, la société minière franco-italienne Roux-Serpieri-Fressynet a relancé l'exploitation minière du plomb grâce à une licence d'exploitation de l'Etat grec.

Mais pour retrouver "le plus vite possible" les anciens puits miniers, la société a brûlé les chênes séculaires et autres arbres à feuilles larges sur les collines, selon des témoignages.

"La zone a été largement brûlée lors de l'ouverture des mines et des carrières, la société avait mis le feu pour localiser les anciennes galeries et retrouver l'endroit où se trouvait le minerai disent des habitants", raconte Nikos Georgiadis.

En 1872, le gouvernement grec a accusé la compagnie minière d'avoir illégalement "coupé, brûlé et déraciné" la forêt locale qui, selon une étude d'Etat de 1835 "s'étendait jusqu'à la mer".

Depuis les récents incendies, les collines sont menacées par l'érosion des sols.

Le projet de les reboiser a débuté entre novembre et décembre dernier: environ 300 bénévoles et experts de WWF, de l'agence forestière locale et d'un institut national de recherche ont apporté sur le site près de 15.000 arbres et arbustes.

L'idée est "de créer une forêt résistante aux feux et au changement climatique", affirme Nikos Georgiadis.

- Graines -

Parmi les 14 espèces plantées figurent le chêne Valonia à feuilles larges, le chêne pubescent, le caroubier, l'arbre de Judée, le micocoulier et le laurier.

"Les arbres à feuilles larges sont les plus résistants au feu", explique Georges Karetsos, forestier de l'Institut national des écosystèmes méditerranéens.

Sur les 15.000 arbres et arbustes, la plupart sont des jeunes pousses mais environ 2.000 font partie d'une expérimentation impliquant des graines qui font des plantes "plus fortes", explique George Karetsos.

Divers produits chimiques et répulsifs ont été utilisés pour déterminer la méthode d'ensemencement et garantir "la meilleure protection contre les rongeurs, oiseaux et insectes", précise-t-il.

Selon lui, "certains glands ont été placés dans des fils de fer ou dans des tubes plastiques, d'autres ont été trempés dans de l'essence ou enduits d'un anticorrosif".

Le projet sera achevé d'ici quatre ans, selon des experts qui rappellent que la Grèce est chaque été la proie de violents incendies.

"Les incendies de forêt sont souvent dûs à la négligence et la stupidité", s'indigne Yorgos Machairas rappelant que celui de 2021 à Lavrio avait commencé dans une poubelle.

M.E. De La Fuente--ESF