El Siglo Futuro - Après l'attentat d'Arras, la France a rendu hommage à ses enseignants

Madrid -
Après l'attentat d'Arras, la France a rendu hommage à ses enseignants
Après l'attentat d'Arras, la France a rendu hommage à ses enseignants / Photo: © AFP

Après l'attentat d'Arras, la France a rendu hommage à ses enseignants

Elèves et enseignants ont observé lundi après-midi une minute de silence dans tous les collèges et lycées de France, en hommage à Dominique Bernard, le professeur tué par un ancien élève radicalisé à Arras, trois ans jour pour jour après l'assassinat d'un autre enseignant, Samuel Paty.

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Cette minute de silence à 14H00 était organisée "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école", selon le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui avait prévenu qu'"aucune contestation" ni "provocation" ne serait "tolérée".

"Il a été aimé par tout le monde, vraiment tout le monde", a raconté à l'AFP à la sortie Kader, 13 ans, élève de M. Bernard l'an dernier. "Je ne comprends pas pourquoi il est mort".

"On est venus aussi pour retrouver nos professeurs, les soutenir", a confié Enzo Degrendele, 20 ans, élève en classe préparatoire.

"Il y avait beaucoup d'émotion", a témoigné le président de la région Xavier Bertrand (LR), qui a donné des nouvelles des blessés: le plus grièvement touché, un agent technique, est "sorti d'affaire" et "devrait sortir de réanimation" dans "les jours qui viennent", et le professeur d'EPS blessé "mettra du temps à s'en remettre" mais "ses jours ne sont pas en danger". Le troisième, un agent, a repris le travail.

Les obsèques de Dominique Bernard auront lieu jeudi à la cathédrale d'Arras, en présence d'Emmanuel Macron.

- "Extrêmement inquiétant" -

Plusieurs dizaines d'élèves et enseignants avaient dû évacuer l'établissement dans la matinée, après un appel téléphonique signalant un objet explosif, selon une source proche du dossier.

"C'est absolument inadmissible et inacceptable", a déclaré Gabriel Attal, en dénonçant cette "168e alerte à la bombe" enregistrée dans une école "depuis la rentrée". A Colmar, un lycée a aussi été évacué à la suite d’une alerte, selon le parquet.

Pour la minute de silence, Gabriel Attal était aux côtés de la Première ministre Elisabeth Borne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), au collège où enseignait Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie lui aussi assassiné dans un attentat islamiste le 16 octobre 2020.

"Trois ans plus tard, la barbarie et l’obscurantisme ont à nouveau frappé" mais "jamais la République ne pliera face au terrorisme", a déclaré Mme Borne.

Gabriel Attal s'était rendu auparavant au collège Charlemagne, à Paris, où il a rencontré des enseignants et élèves. "On est tous très touchés et tristes de ce qui s’est passé", a témoigné Romy, 14 ans, élève en 3e.

Au lycée Edouard Herriot de Lyon, où Samuel Paty avait étudié en classe préparatoire, la minute de silence a été observée par les élèves et des enseignants visiblement éprouvés. Pour Liron, 16 ans, "c’est extrêmement inquiétant" parce que "ça peut même arriver à un prof d'ici comme de n’importe où".

Les cours n'ont démarré qu'à 10H00 dans les collèges et lycées, pour permettre aux enseignants d'échanger entre eux.

Trois jours après l'attaque d'Arras, Emmanuel Macron a promis que l'école resterait un "rempart contre l’obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent", dans un message sur X (ex-Twitter).

- Nouvelle réunion de sécurité -

Le chef de l'Etat, qui a présidé à la mi-journée une nouvelle réunion de sécurité, affiche sa détermination contre les porteurs de "haine". Il veut que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d'être expulsées. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin souhaite ainsi accélérer l'expulsion de 193 étrangers radicalisés en situation irrégulière.

Les personnes "ayant fait preuve de bravoure" lors de l'attaque d'Arras seront décorées, a appris l’AFP auprès de l’Elysée.

De nombreuses communes ont aussi organisé des rassemblements. L'intersyndicale éducation d’Ile-de-France a donné rendez-vous Place de la République, à Paris, à 18H00.

Trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, qui avait suscité une émotion considérable, l'attentat d'Arras a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants.

"C’est encore un collègue qui est tué, c’est très dur", a témoigné auprès de l’AFP Vincent Magne, professeur d'histoire et lettres en lycée professionnel à Troyes.

"J'ai senti les enseignants très choqués, ébranlés", a dit Carole Zerbib, proviseure d'un lycée parisien.

Le gouvernement a renforcé la sécurité autour des établissements scolaires. Gabriel Attal réunira mardi les syndicats enseignants et mercredi les collectivités locales sur ce thème.

La France a été placée vendredi en alerte "urgence attentat", avec 7.000 soldats déployés sur le territoire. Depuis son arrestation, l'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, qui a crié "Allah Akbar" selon des témoins, "ne s'est pas exprimé", selon une source policière. Dix autres personnes étaient encore en garde à vue lundi matin.

A.Fernández--ESF