Mort de Thomas: les tensions montent avec l'ultradroite, le procureur appelle au calme
Une semaine après la mort du jeune Thomas lors d'un bal dans la Drôme, l'ultradroite multiplie les réactions violentes et la tension monte à Romans-sur-Isère, conduisant le procureur de la République de Valence à lancer un appel au calme.
"Nul ne peut se faire justice en dehors de la loi", a déclaré Laurent de Caigny dans une brève déclaration à la presse dimanche soir en appelant à laisser les enquêteurs travailler "vu l'extrême gravité des faits" survenus le week-end dernier dans la village de Crépol. "Ceux qui s’y opposent par la violence, illégitime, en répondront", a-t-il prévenu.
Dimanche, une quarantaine de militants identitaires se sont rassemblés au centre de Romans avant d'être dispersés par les forces de l'ordre, selon la préfecture qui a fait état de sept interpellations: trois militants d'ultradroite et quatre jeunes du quartier de La Monnaie, dont sont issus certains des suspects liés au drame de Crépol.
Samedi soir, une centaine de militants d'ultradroite venus de différentes villes du pays avaient défilé cagoulés dans les rues de Romans dans le but d'en "découdre" avec les jeunes de La Monnaie, selon une source policière.
Un des militants d'ultradroite "indique avoir été séquestré et molesté" samedi soir, a déclaré le procureur de Valence, en précisant avoir saisi la police judiciaire sur ces fait. Des images d'un homme dénudé gisant à terre circulent sur les comptes d'ultradroite qui multiplient les appels à la vengeance sur les réseaux sociaux depuis le drame de Crépol.
Le préfet de la Drôme, Thierry Devimeux a pour sa part indiqué qu'un militant venu de Mayenne pour participer au défilé interdit a été "tabassé" par des inconnus et son véhicule "brûlé".
Au total 24 personnes ont été placées en garde à vue depuis vendredi en lien avec ces deux épisodes.
A Annecy, un journaliste du site internet librinfo74 a dit à l'AFP vouloir porter plainte après avoir été blessé dimanche par des militants de Reconquête! pendant une manifestation qui, selon la préfecture de Haute-Savoie, a réuni 130 personnes.
- "Motif futile" -
Pendant que les identitaires défilaient à Romans samedi soir, dix suspects liés aux violences commises le 19 novembre dans le village de Crépol, étaient présentés aux juges d'instruction à Valence.
Neuf ont été mis en examen pour divers motifs, dont "meurtre en bande organisée" ou "tentatives de meurtre", selon le parquet de Valence. Six, dont deux mineurs, ont été placés en détention provisoire et trois, dont un mineur, sous contrôle judiciaire, a précisé le procureur en se refusant à tout autre détail.
L'enquête n'a pas encore permis d'élucider pleinement les circonstances du drame, qui a suscité une cascade de réactions virulentes de l'extrême droite et de la droite sur le thème de l'insécurité et de l'immigration, certains accusant la "racaille" de "racisme anti-blanc".
Des personnalités politiques de gauche et de la majorité ont vivement critiqué le défilé identitaire de samedi soir, lié selon elles à la "récupération" opérée par l'extrême droite après la mort du lycéen de 16 ans. SOS Racisme a demandé au chef de l'Etat ou à la première ministre de réagir solennellement "afin de rappeler le refus du racisme en République".
A ce stade, pourtant, l'enquête dessine le scénario de violences survenues pour un "motif futile" et non d'une attaque préméditée visant les invités du bal en raison de leur appartenance à une "prétendue race, ethnie, nation ou religion déterminée", selon le procureur de Valence qui met en garde contre les "dénonciations sans preuve" et les "interprétations hâtives".
C'est apparemment une remarque liée "à une coupe de cheveux" qui a déclenché une altercation dans la salle des fêtes de Crépol, avant de dégénérer à l'extérieur alors que le bal se terminait et qu'un groupe hostile arrivait en voiture sur les lieux.
- Tags islamophobes -
"Tous les individus extérieurs à Crépol sont décrits comme portant des coups, certains des coups de couteaux", neuf des 104 témoins entendus évoquent des propos hostiles "aux Blancs", selon le parquet.
Le groupe hostile finit par s'enfuir, laissant neuf blessés, dont quatre graves et sept autres victimes. Thomas, un lycéen de 16 ans, décède sur la route de l'hôpital.
Depuis le drame, l'ultradroite mène une campagne virulente sur internet, avec notamment une liste de noms et des photos présentées comme celles des agresseurs mais aussi des images d'actions de mobilisation menées selon eux à Valence ou Avignon.
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A.Fernández--ESF