Une jeune figure du mouvement pro-démocratie de Hong Kong fuit au Royaume-Uni
Un jeune militant pro-démocratie hongkongais, Tony Chung, a annoncé vendredi s'être réfugié au Royaume-Uni, affirmant avoir vécu dans la crainte à Hong Kong depuis sa sortie de prison en juin et subi des pressions de la police pour devenir un informateur.
En 2021, Tony Chung, alors âgé de 20 ans, avait été le premier militant pro-démocratie à être emprisonné au titre de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, pour avoir réclamé l'indépendance du territoire restitué par le Royaume-Uni à la Chine en 1997.
Condamné à trois ans et demi de prison pour "sécession", il avait bénéficié d'une libération anticipée en juin dernier.
Depuis, "je craignais de sortir de chez moi, d'utiliser mon téléphone en public et d'être à nouveau arrêté", écrit-il dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux vendredi mais daté du 27 décembre.
"Les agents de la police de la sécurité nationale continuaient à faire pression sur moi", ajoute-t-il, expliquant avoir été empêché de travailler, s'exprimer en public et obtenir une assistance juridique.
"Ils ont proposé de me rémunérer en tant qu'informateur, et m'ont incité à fournir des informations sur d'autres personnes comme preuve de ma réhabilitation et de ma volonté de coopérer".
- "Asile politique" -
Il affirme aussi avoir été longuement interrogé, toutes les deux à quatre semaines, sur ses activités et rencontres.
Il a finalement été autorisé à partir en vacances sur l'île japonaise d'Okinawa, d'où il a organisé son départ avec l'aide de relais américains, canadiens et britanniques.
"Je suis arrivé sain et sauf au Royaume-Uni et j'ai déposé une demande officielle d'asile politique", écrit-il, illustrant son récit d'une photo de lui devant un panneau "UK Arrivals".
Le commissaire adjoint des services pénitentiaires de Hong Kong, Leung Kin-ip, l'a accusé de "s'être soustrait à ses responsabilités et avoir mis en péril la sécurité nationale de manière flagrante".
Les autorités ont "contacté d'autres organismes chargés de l'application de la loi pour le poursuivre conformément à la loi", a ajouté M. Leung.
- "Graines de liberté" -
La police de Hong Kong a indiqué recueillir "des renseignements sur des actes et activités mettant en péril la sécurité nationale", et, sans nommer M. Chung, "condamné fermement" les personnes qui "ont honteusement demandé de l'aide aux forces étrangères anti-chinoises sous prétexte d'être des victimes".
Un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres a exhorté la Grande-Bretagne à traduire M. Chung "en justice dès que possible et le rapatrier à Hong Kong".
Tony Chung avait fondé en 2016 l'association Student Localism.
Ce groupe s'était inscrit dans le mouvement pro-démocratie à l'origine des manifestations massives de 2019 pour réclamer davantage d'autonomie, mais où ses revendications indépendantistes étaient restées minoritaires.
Invoquant les troubles provoqués par ces manifestations, Pékin avait promulgué en 2020 une loi sur la sécurité nationale permettant de museler toute voix dissidente.
"Je suis convaincu que tant que les habitants de Hong Kong n'abandonneront pas, les graines de la liberté et de la démocratie germeront à nouveau", a assuré Tony Chung, qui avait été interpellé en octobre 2020 par des policiers en civil près du consulat américain où il comptait demander l'asile.
- Poursuivis "à vie" -
D'autres militants pro-démocratie hongkongais ont réussi à s'enfuir à l'étranger, et les autorités ont lancé des avis de recherche contre 13 d'entre eux, offrant un million de dollars de Hong Kong (115.000 euros) pour toute information permettant de les arrêter.
Début décembre, une des figures du mouvement, Agnes Chow, 27 ans, avait révélé vivre au Canada depuis septembre, deux ans et demi après sa libération sous caution.
L'été dernier, la police de Hong Kong l'avait autorisée à étudier au Canada à condition qu'elle écrive une lettre de repentance et passe une journée avec des policiers à Shenzhen, en Chine continentale, pour y visiter une exposition sur les réalisations chinoises et le siège du géant de la technologie Tencent.
Le gouvernement hongkongais a juré de la poursuivre "à vie".
Tony Chung a également relaté que la police lui avait demandé de se rendre en Chine continentale, avant d'y renoncer.
Un grand nombre d'autres militants sont derrière les barreaux, dont l'ancien magnat des médias pro-démocratie Jimmy Lai, jugé actuellement et qui encourt la prison à vie.
M.Hernández--ESF