Extradition en vue pour des Français soupçonnés de vouloir "sacrifier" leur fils dans le Sahara
Ils voulaient "sacrifier" leur fils de cinq ans dans le Sahara, selon la Garde civile espagnole: un couple de professeurs de musique girondins arrêtés fin décembre à Algésiras est sous le coup d'une procédure d'extradition, a indiqué mercredi le parquet de Bordeaux.
Patrick Meiffren, maire de Carcans, ne cache pas sa "stupéfaction" quand il a appris l'arrestation du père et de la mère de l'enfant, qui étaient "bien intégrés dans le village" où ils avaient fondé "une belle école de musique" où ils ont accueilli "jusqu'à plus de 250 élèves".
"Le 21 décembre, le sous-préfet m'a appelé pour me dire que le couple avait été interpellé au sud de l'Espagne, à Algésiras, alors qu'il s'apprêtait à prendre un ferry pour le Maroc dans le but, m'a-t-il dit, de sacrifier leur fils, qu'ils pensaient possédé, dans le Sahara", raconte l'édile de ce petit village touristique au nord-ouest de Bordeaux,
Les deux parents, qui "avaient des problèmes psychiatriques", faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour "enlèvement de mineur", avait précisé samedi la Garde Civile en annonçant leur arrestation. Elle aussi évoquait une volonté de "sacrifier" l'enfant.
- "Propos délirants" -
Le 19 décembre, le parquet de Bordeaux avait ouvert une enquête, confiée à la brigade de recherche de gendarmerie de Lesparre et à la Section de recherche de Bordeaux, après un "appel d'une requérante s'inquiétant pour le fils d'un couple d'amis, âgé de 5 ans".
"Le père tenait des propos délirants" et "envisageait de se rendre au Maghreb en compagnie de sa femme et de leur fils pour procéder à une forme de parcours initiatique", ajoute le parquet.
Le lendemain, une information judiciaire était ouverte "des chefs d'arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage mineur de 15 ans pour faciliter un crime ou un délit, à l'encontre du couple".
Le maire se souvient que "pendant la tempête Ciaran", cet automne, le père avait été retrouvé "dénudé dans la forêt avec des propos très incohérents" puis "placé d'office en hôpital psychiatrique".
Mais il souligne que le couple avait "un comportement de vrais parents, aimants, très attentionnés, très accompagnateurs et rien ne laissait supposer qu'ils puissent avoir ce type de comportement vis-à-vis de leur enfant".
Vincent Ronslin, loueur de vélo, précise que "beaucoup d'enfants, même des adultes, venaient prendre des cours de guitare, de piano, de batterie" dans leur école.
Le couple de professeurs avait aussi mis en place pendant le confinement de 2020 des vidéos sur Internet pour apprendre le ukulélé.
- Profil plus sombre -
Au bord du lac de Carcans/Hourtin, de rares riverains présents dans les rues aux devantures fermées dépeignent en revanche de manière anonyme un profil plus sombre du couple.
"L'école fonctionnait bien au début, ils ont même dû changer de local pour accueillir plus d'élèves. Mais des parents ont retiré leurs enfants de l'école de musique car lui tenait des propos, disons méchants, envers les élèves. Des professeurs avec qui ils travaillaient ont par la suite démissionné", décrit une commerçante.
"On voyait bien qu'il était très autoritaire et elle soumise", poursuit-elle.
Le couple installé "depuis plus de 10 ans" avait eu des démêlés judiciaires avec leur ancien propriétaire pour avoir laissé leur ancien logement dans un état "insalubre", explique-t-elle encore.
Le père ne disait que "rarement bonjour", "il se croyait le plus beau, le plus fort", ajoute un voisin de l'école située dans l'artère commerçante du village.
Un panneau "A Louer" est affiché sur la façade, ornée de touches de piano, instrument que le père enseignait également, avec la batterie.
Selon ce voisin, le père de famille avait misé l'été dernier "sur une activité de laser-game qui n'avait que très peu marché".
Le couple reste en détention provisoire dans la prison de Botafuegos à Algésiras, dans l'attente d'une décision du juge, a indiqué la Garde civile à l'AFP.
"La procédure d'extradition est en cours", précise le parquet.
L'enfant demeure dans un centre pour mineurs près d'Algésiras et "son retour en France est également en cours de finalisation", ajoute-t-on de même source.
L.Balcazar--ESF