Japon: l'espoir de retrouver des survivants s'amenuise trois jours après le séisme
Les chances de retrouver des survivants se réduisent dans le centre du Japon où près de 80 personnes sont toujours portées disparues jeudi, trois jours après le puissant séisme du Nouvel An qui a fait 84 morts selon un bilan provisoire.
La secousse de magnitude 7,5, ressentie jusqu'à Tokyo à 300 km de là, a ébranlé la péninsule de Noto dans le département d'Ishikawa, une étroite bande de terre qui s'avance d'une centaine de kilomètres dans la mer du Japon, faisant s'écrouler des bâtiments et dévastant les routes.
"Il s'agit de la plus grave catastrophe" de l'ère Reiwa, commencée en 2019 avec l'accession au trône de l'actuel empereur japonais, a estimé le Premier ministre Fumio Kishida jeudi lors d'une conférence de presse.
Plus de 72 heures se sont désormais écoulées depuis la catastrophe, réduisant les espoirs de retrouver des survivants, alors que les autorités d'Ishikawa ont publié jeudi après-midi les noms de 79 personnes toujours portées disparues.
Une fois ce délai de 72h passé, "le taux de survie des personnes ayant besoin d'être secourues chutera brusquement", avait déclaré dans la matinée le gouverneur d'Ishikawa, Hiroshi Hase.
Tandis que le département d'Ishikawa fait état de 81 morts, le bilan pourrait encore s'alourdir car des centaines de bâtiments ont été détruits dans la catastrophe, notamment dans un énorme incendie dans la ville de Wajima, et des villages sont encore isolés.
"Je suis venu prendre des nouvelles de membres de ma famille, je n'ai pas encore réussi à les voir", a déclaré à l'AFP dans cette ville un homme de 80 ans, ne souhaitant pas être nommé.
"C'est terrible, il ne reste aucune trace" après l'incendie, a-t-il ajouté. "C'est exactement comme la guerre."
Au moins 330 personnes ont aussi été blessées par le séisme et les centaines de répliques qui ont suivi, dont certaines très fortes. Un tsunami a également frappé la côte, des vagues de plus d'un mètre balayant nombre de bateaux sur les quais ou les routes du bord de mer.
Selon la chaîne de télévision publique NHK, une personne a été emportée par le tsunami près de Suzu, à la pointe de la péninsule, et les garde-côtes étaient à sa recherche.
Toujours d'après la NHK, un groupe de chercheurs a estimé que le tsunami avait touché la ville de Suzu moins d'une minute après le tremblement de terre, laissant peu de temps pour évacuer les bords de mer.
La pluie a compliqué encore les recherches menées par plusieurs milliers de membres des Forces d'autodéfense, de pompiers et de policiers venus de tout le Japon, et les services météorologiques ont mis en garde contre les risques de glissements de terrain.
- "Quasiment rien mangé ces 2 derniers jours" -
Ces conditions rendaient également plus ardu l'acheminement de vivres et de matériel aux sinistrés, dont 300 personnes réfugiées dans une école à Suzu.
"Même si je donne ma portion de nourriture à mes enfants, ce n'est encore pas assez. Je n'ai quasiment rien mangé ces deux derniers jours", a témoigné dans le quotidien Asahi une femme d'une trentaine d'année résidant dans cette ville.
Près de 30.000 foyers sont par ailleurs toujours sans électricité à Ishikawa, selon la compagnie locale d'électricité, et plus de 95.000 foyers privés d'eau dans ce département et deux autres.
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l'un des pays où les tremblements de terre sont les plus fréquents au monde.
L'archipel nippon est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9,0 suivi d'un tsunami géant en mars 2011 sur ses côtes nord-est, une catastrophe qui a fait quelque 20.000 morts et disparus.
Ce désastre avait aussi entraîné l'accident nucléaire de Fukushima, le plus grave depuis celui de Tchernobyl en 1986.
Cette fois, la série des séismes n'a provoqué que des dégâts mineurs dans les centrales nucléaires installées le long du littoral, selon leurs opérateurs.
A.Amaya--ESF