Grèves en Corée du Sud: la police perquisitionne l'association des médecins
La police sud-coréenne a perquisitionné vendredi les bureaux de l'Association médicale coréenne (KMA), selon une source policière, alors que le gouvernement fait face à une grève des jeunes médecins qui paralyse les hôpitaux.
Interrogé par l'AFP, un officier de la police de Séoul a confirmé cette perquisition du principal organisme représentant les médecins, sans donner davantage de précisions.
Près de 10.000 internes en médecine, soit 80% des effectifs, ont débrayé la semaine dernière pour protester contre une réforme ouvrant plus largement l'admission dans les facultés de médecine. Les autorités entendent ainsi faire face aux pénuries de personnel de santé et au vieillissement de la population.
Le gouvernement avait donné aux internes jusqu'à jeudi 29 février pour reprendre le travail, faute de quoi ils risquaient des arrestations ou de perdre leur licence.
Seuls 565 médecins ont repris le travail avant cette échéance, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé.
La grève massive a un impact important sur les hôpitaux. Environ la moitié des interventions chirurgicales prévues dans 15 grands hôpitaux ont été annulées depuis la semaine dernière, selon le ministère.
En vertu de la loi sud-coréenne, les médecins ne peuvent pas faire grève.
Le ministère de la Santé a publié sur son site internet des documents ordonnant à 13 internes de reprendre le travail, avec leur numéro de licence et une partie de leur nom visibles. "Nous souhaitons vous informer que le refus de se conformer à l'ordre de reprendre le travail sans raison valable peut entraîner des mesures disciplinaires et des poursuites pénales", indique le document.
Le ministre de la Santé Cho Kyoo-hong a, à l'inverse, salué "avec gratitude la sage décision des internes qui sont revenus aux côtés des patients", dans un communiqué publié vendredi.
Le gouvernement a demandé cette semaine à la police d'enquêter sur les personnes impliquées dans le mouvement de protestation.
La KMA a critiqué le gouvernement pour ses "tactiques d'intimidation", dénonçant l'ultimatum donné et l'ouverture d'une enquête. Le groupe a accusé de le gouvernement de transformer le pays en un "État totalitaire".
L'organisation a appelé à un rassemblement dimanche à Séoul, auquel environ 25.000 personnes devraient participer, selon les estimations des médias locaux.
Séoul affirme avoir l'un des ratios médecins-patients les plus faibles parmi les pays développés, et le gouvernement persiste à vouloir admettre 2.000 étudiants supplémentaires dans les écoles de médecine chaque année, à partir de l'an prochain.
Les internes affirment que ce plan nuirait à la qualité du service, et soulignent que la dépendance excessive du système de santé à l'égard des jeunes médecins est injuste.
Mais les partisans de la réforme estiment que les médecins sont surtout préoccupés par le fait que les changements pourraient dégrader leurs salaires et leur statut social.
Près de 75% de la population est en faveur des réformes, selon des sondages.
A.Abascal--ESF