Un bâtiment occupé à Columbia, épicentre du mouvement étudiant pro-palestinien aux Etats-Unis
Les manifestations pro-palestiniennes sur les campus américains ont connu une nouvelle escalade mardi avec l'occupation dans la nuit d'un bâtiment de l'université Columbia à New York par des étudiants et militants.
Joe Biden, par la voix d'un porte-parole, a critiqué cette occupation dans l'université d'où est partie la vague qui secoue les campus américains depuis plus de deux semaines.
Le président américain "pense qu'occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche" et n'est "pas un exemple de manifestation pacifique", a exprimé John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, organe rattaché à la Maison Blanche.
L'opposition républicaine au Congrès, emmenée par le président de la Chambre des représentants Mike Johnson, avait dénoncé la veille une université "dépassée par l'antisémitisme" et pressé sa présidente Minouche Shafik de démissionner.
A Columbia, après l'échec de négociations pour évacuer un campement installé depuis mi-avril, la direction de cette prestigieuse université a pris des sanctions lundi soir en "suspendant" administrativement des étudiants.
Des protestataires se sont alors barricadés dans la nuit dans un bâtiment que d'autres ont protégé grâce à une chaîne humaine à l'extérieur, masques sanitaires sur le visage et keffiehs sur la tête selon des images sur les réseaux sociaux.
Le groupe "Columbia University Apartheid Divest" a rebaptisé ce bâtiment, le Hamilton Hall, en "Hind's Hall" en hommage à une fillette de six ans tuée durant la guerre à Gaza.
- Accès fermé -
L'accès à l'immense campus, situé dans Manhattan et habituellement libre au grand public, est fermé mardi et contrôlé par des forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP.
Après un week-end relativement calme dans le "village" de tentes de Columbia qui a abrité jusqu'à 200 personnes, la présidente avait lancé un ultimatum expirant lundi midi.
Columbia refuse mais a assuré qu'elle n'enverrait plus la police de New York pour faire évacuer les lieux.
Car les images de forces de l'ordre américaines en tenue anti-émeute intervenant parfois brutalement sur des campus ont fait le tour du monde. Des centaines de personnes -étudiants, enseignants, militants- ont ainsi été interpellées, certaines arrêtées et poursuivies en justice.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, s'est dit mardi "inquiet" de l'"impact disproportionné" de "certaines mesures prises par les forces de l'ordre" pour "disperser et démanteler" des manifestations et des campements dans des universités.
- "Rétablir l'ordre" -
La police est intervenue lundi à l'université du Texas à Austin (sud), sans ménagement, car "aucun campement ne sera autorisé", a martelé le gouverneur républicain Greg Abbott.
En Californie, la police "a fait évacuer et sécurisé" dans la nuit de lundi à mardi deux bâtiments de l'université Cal Poly Humboldt et arrêté 35 personnes, selon cet établissement qui a précisé que ces actions visaient à "rétablir l’ordre".
Ces nouvelles manifestations pro-palestiniennes aux Etats-Unis ont ravivé le débat tendu depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre entre liberté d'expression et accusations d'antisémitisme.
Cet hiver, les deux présidentes d'universités de Harvard et de UPenn ont dû démissionner après avoir été accusées devant le Congrès de ne pas en faire assez contre l'antisémitisme.
Les Etats-Unis comptent le plus grand nombre de juifs dans le monde après Israël, et des millions d'Américains arabo-musulmans.
Nombre d'étudiants juifs ont d'ailleurs rejoint les rangs de la colère pro-palestinienne, dénonçant un "génocide" à Gaza.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien qui a entraîné le massacre de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien et sa vaste opération militaire à Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.
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A.Fernández--ESF