Dernière ligne droite pour le procès Trump, plaidoiries finales en vue
Le procès de Donald Trump pour paiements dissimulés à une star du X entre dans sa dernière ligne droite, le juge ayant indiqué lundi que les plaidoiries finales commenceraient la semaine prochaine avant un verdict historique, aux enjeux politiques considérables.
Une question reste en suspens: l'ancien président des Etats-Unis témoignera-t-il? Des experts jugent probable que le candidat des républicains à la présidentielle de novembre renonce, craignant un contre-interrogatoire sans pitié de l'accusation.
Vêtu d'une veste et cravate bleu marine, le tempétueux milliardaire, qui avait assuré au début du procès qu'il comptait témoigner, n'a pas répondu à la question d'un journaliste sur le sujet à son arrivée lundi au tribunal.
Le juge Juan Merchan a déclaré d'emblée à la reprise de l'audience que son but était de terminer l'examen de l'affaire "cette semaine" et non mardi comme initialement espéré, "pour que nous commencions la semaine prochaine" par les plaidoiries finales.
Après les dernières interventions de l'accusation et de la défense, Juan Merchan donnera solennellement ses instructions aux 12 jurés. Puis il leur confiera la lourde tâche de décider si Donald Trump s'est rendu coupable, au-delà de tout doute raisonnable, de 34 falsifications comptables pour cacher un paiement à l'actrice de films X, Stormy Daniels, lui évitant un possible scandale sexuel à la toute fin de la campagne présidentielle de 2016. Pour le déclarer coupable, l'unanimité est requise.
- "Vous avez volé ?" -
Dans l'immédiat, les débats ont repris lundi matin avec de nouvelles attaques de la défense contre l'accusateur numéro un, l'ancien avocat personnel et homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen.
Ce témoin clé a directement incriminé son ancien patron, affirmant qu'il avait approuvé le paiement de 130.000 dollars à Stormy Daniels pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue en 2006 avec Donald Trump, alors déjà marié à son épouse Melania. Donald Trump nie cette relation.
L'ancien avocat avait lui-même pris en charge le paiement à quelques jours du vote en 2016 et a assuré que Donald Trump avait validé son remboursement en 2017, des dépenses maquillées selon l'accusation en "frais juridiques" dans les comptes de son groupe d'entreprises Trump Organization, d'où les poursuites pour falsifications comptables.
Mais la défense a fait tout son possible pour décrédibiliser cet acteur, décrit par d'autres témoins comme un personnage sans scrupules et condamné par la justice pour mensonges devant le Congrès américain dans l'enquête sur l'implication de la Russie dans la présidentielle de 2016.
Après l'avoir accusé la semaine dernière de mentir, données téléphoniques à l'appui, pendant son témoignage devant les jurés, l'avocat de Donald Trump, Todd Blanche, est reparti à l'assaut.
Michael Cohen a dû admettre qu'au-delà des remboursements reçus, il avait reçu d'autres sommes de la Trump Organization destinées à un client mais qu'il avait gardé 30.000 dollars.
"Vous avez volé la Trump Organization ?", a conclu Todd Blanche. "Oui", a répondu Michael Cohen.
- 4,4 millions de dollars -
L'avocat a aussi chercher à bousculer le témoin à propos de sa première version de l'affaire. Lorsque le Wall Street Journal avait révélé, en janvier 2018, les paiements à Stormy Daniels, Michael Cohen avait d'abord publiquement assuré qu'il en avait pris l'initiative sans en parler à Donald Trump. Une version qu'il tenait aussi en privé, auprès d'amis et membres de sa famille, a-t-il concédé.
Il avait fini par retourner sa veste quand la justice l'avait rattrapé. Après avoir plaidé coupable de plusieurs délits, fraude fiscale, fraude bancaire, mensonges devant le Congrès et violation des lois de financement de campagne, Michael Cohen avait été condamné à trois ans de prison et a passé 13 mois derrière les barreaux.
Devenu un ennemi juré de Donald Trump, Michael Cohen en a fait le sujet de deux livres et d'une longue série de podcasts, qui lui ont rapporté 4,4 millions de dollars depuis 2020, a-t-il aussi admis, juste avant la fin du contre-interrogatoire de la défense, qui se sera étalé sur trois jours.
Si Donald Trump devait être déclaré coupable, ce serait au juge de fixer ultérieurement la peine, qui pourrait aller du sursis avec mise à l'épreuve jusqu'à une peine de prison dans l'hypothèse la plus grave.
Une condamnation pénale constituerait dans tous les cas une première historique pour un ancien président des Etats-Unis et un séisme politique en pleine campagne présidentielle.
L'enjeu est d'autant plus important que cette affaire sera probablement la seule jugée avant la présidentielle du 5 novembre, parmi les quatre dans lesquelles Donald Trump est inculpé, dont le tentaculaire dossier devant la justice fédérale à Washington sur ses tentatives présumées illégales de renverser les résultats de la présidentielle de 2020.
B.Vidal--ESF