Attaque contre la SNCF: dans les gares touchées, les passagers restent à quai
A la gare Montparnasse à Paris, comme dans celles de Bordeaux, Nantes ou Lille, à quelques heures de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, des milliers de voyageurs attendaient des informations, valise en main: des actes de "sabotage" ont visé vendredi le réseau TGV, et mis à mal leurs plans de voyage.
La SNCF a annoncé "une attaque massive pour paralyser le réseau" ferroviaire et des perturbations qui devraient "durer au moins tout le week-end" et affecter 800.000 voyageurs.
"On s'attendait à ce que ce soit un peu le bazar dans Paris avec la cérémonie d'ouverture prévue ce (vendredi) soir, mais on ne pensait pas que ça puisse être à ce point", grogne l'étudiant.
Si quelques agents en chasuble floquée SNCF tentent de renseigner les voyageurs, ils ne sont "pas assez nombreux" pour faire face aux centaines de personnes concernées par les retards ou annulations de trains, déplore Françoise, 63 ans.
"La reprise normale des circulations est estimée pour le lundi 29 juillet", affiche l'un des panneaux.
Katherine Abby, une graphiste parisienne de 30 ans, accompagnée de son mari, garde l'espoir de voir son trajet seulement retardé, et non annulé.
"J'ai réservé mes billets pour Biarritz il y a plusieurs semaines, ce sont mes seules vacances de l'année", s'inquiète-t-elle. "Je serais assez démoralisée de devoir annuler ce voyage, surtout quand on voit ce à quoi ressemble Paris avec les Jeux olympiques".
- "J'attends" -
La SNCF promet aux passagers des conditions d'échange et de remboursement de leurs billets "fortement assouplies".
"Lorsque le trafic fonctionne normalement, il faut déjà se battre pour obtenir un remboursement partiel de son billet, donc cela me semble ambitieux d'affirmer une bonne prise en charge des centaines de voyageurs", doute cependant l'une d'elles, Marion Peltré, 28 ans.
En gare de Bordeaux, peu après 09h30, une voix au micro annonce la suppression de tous les trains sur les écrans.
Benoît Deprimoz, 29 ans, et Laura Comboroure, 27 ans, sont censés se rendre à Nantes pour un mariage. "On va regarder pour louer une voiture", explique Benoît.
Marie Sureau, 20 ans, étudiante en sciences politiques à Paris voulait remonter vers la capitale ce matin.
"J'avoue que je ne sais pas trop (ce que je vais faire), (…) Il n'y a même pas d'avion pour Paris aujourd'hui, il n'y a plus de Blablacar (covoiturage, NDLR). Franchement, là, je ne sais pas, j'attends".
Une importante queue se forme devant la billetterie de la gare. Certains sortent leurs chaises de camping.
Vers midi, le train de Paris Montparnasse prévu à 08h41 est annoncé au départ.
Seules les personnes qui avaient des billets pour ce train "sont autorisées" à monter à bord, mais il n'y a pas de contrôles aux portiques. Des gens qui n'ont pas de billet pour ce train tentent leur chance. Un agent de sécurité leur rappelle les peines encourues.
La confusion règne sur sa destination finale. Pour l'instant il doit s'arrêter à Angoulême et repartira ensuite vers Paris "dans la journée", selon un agent de sécurité.
Le train quitte la gare vers 12h25. Une trentaine de voyageurs restent à quai, dont une jeune fille en pleurs, au téléphone.
- "Six heures de route" -
Sur les écrans de la gare s'affiche maintenant: "La circulation des trains à grande vitesse est interrompue sur la ligne à grande vitesse Atlantique entre Paris-Bordeaux et Paris-Le Mans suite à un acte de malveillance. (…) Nous vous recommandons de reporter votre voyage dans la mesure du possible. La reprise normale des circulations est estimée pour lundi 29 juillet".
Ellie et Maya Scott, deux touristes irlandaises de 24 et 21 ans, attendent allongées sur le sol. Elles étaient censées rejoindre Paris pour les JO. "On est plutôt énervées, ça fait une mauvaise première impression", renchérit Ellie.
Les deux sœurs vont tenter de se faire rembourser leurs billets et de prendre une voiture de location, mais elles ne se réjouissent pas des "six heures de route" qui les attendent.
A la gare de Nantes, aucun TGV ne partira en direction de Paris avant "13h00 minimum", annoncent les agents SNCF sur place.
Dans le hall, Sylvain Bachelart, 30 ans, patiente. Cuisinier chez Sodexo et mobilisé pour les JO sur le site des Invalides, il devait prendre le train de 10h48 pour Paris. "Si je ne peux pas prendre de train, il faudra essayer la voiture, mais cela risque d'être compliqué d'entrer dans Paris avec la cérémonie", s'inquiète-t-il.
A Lille, les perturbations se faisaient sentir aussi, mais l'ambiance restait relativement calme en milieu de matinée dans les deux gares qui desservent la ville.
Sur l'application SNCF Connect, les rares trains encore réservables dans la matinée au départ de Lille pour Paris ou Bruxelles affichaient des retards de deux à sept heures, avec plusieurs correspondances.
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S.Lopez--ESF