Deux séismes, puis des inondations: une vie de drames pour un septuagénaire japonais
Deux énormes tremblements de terre survenus à 17 ans d'intervalle ont privé Shoichi Miyakoshi de sa femme, puis de sa maison. Aujourd'hui, son logement est inondé en raison des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le centre du Japon, et il doit repartir de nouveau de zéro.
"Je pensais que j'étais enfin installé ici et que j'allais passer un hiver au chaud", se désole cet homme de 76 ans, en regardant les dégâts dans son petit-deux pièces, situé à Wajima, dans le département de Ishikawa.
Shoichi Miyakoshi a été relogé dans cet appartement faisant partie d'un complexe temporaire, construit après le tremblement de terre du 1er janvier qui a dévasté des secteurs de cette région côtière.
"Nous sommes en septembre et bientôt en octobre, puis l'hiver sera là", souligne le septuagénaire assis sur un futon plié couvert de boue. Autour de lui: des affaires souillées.
"Je dois repartir à zéro, passer un autre hiver dans le froid", souligne-t-il.
Six personnes sont mortes dans les inondations et glissements de terrain qui ont frappé le centre du Japon ces deux derniers jours, ont annoncé lundi les médias locaux, citant les autorités locales.
Selon le gouvernement du département d'Ishikawa, environ 4.000 foyers restent privées d'électricité dans cette région, encore choquée par le tremblement de terre de magnitude 7,5 de janvier qui a provoqué des destructions massives et tué 374 personnes.
La maison en bois de Shoichi Miyakoshi a été sévèrement endommagée lors de ce séisme.
Un nouveau drame dans sa vie après celui survenu en mars 2017, lorsqu'un tremblement de terre de magnitude 6,9 avait déjà frappé la péninsule de Noto: sa femme Kiyomi Miyakoshi, alors âgée de 52 ans, avait péri.
- Sa femme, "seule victime" -
"Elle a été la seule victime de ce tremblement de terre il y a 17 ans", confie-t-il.
Kiyomi était dans le jardin lorsque la forte secousse a renversé une lanterne traditionnelle en pierre, lui portant un coup fatal à la poitrine.
Shoichi Miyakoshi a continué à travailler comme chef cuisinier, spécialisé dans les sushis, jusqu'il y a dix ans, date à laquelle il a dû être hospitalisé en raison de violentes douleurs au dos.
Lorsqu'il est sorti de l'hôpital, une photo de la jeune Kiyomi souriant timidement dans un kimono rouge était là pour l'accueillir dans son salon, se souvient-il.
Après le séisme de janvier, l'ancien cuisinier a passé quelques mois dans un centre pour les évacués, avant de déménager dans un autre abri.
"J'avais laissé des photos de ma femme dans la maison détruite, mais une nuit, elle m'est apparue en rêve", raconte-t-il. "Elle m'a dit de prendre les photos avec moi où que j'aille".
Shoichi Miyakoshi est donc retourné dans sa maison à moitié détruite pour récupérer ces précieux souvenirs, dont une photo de leur mariage.
Il a apporté les photos et les cendres de Kiyomi dans son hébergement temporaire de Wajima, mais elles sont maintenant imbibées d'eau brune.
Pour le moment, le septuagénaire dort dans la salle d'attente d'un hôpital avec d'autres victimes des inondations.
Il n'a pu emporter avec lui que des objets de première nécessité, mais il prévoit de revenir dans son logement temporaire pour récupérer les photos.
Malgré cette vie marquée par les drames, Shoichi Miyakoshi semble l'incarnation de la résilience. "Je vous reverrai lorsque la ville se rétablira", affirme-t-il dans un sourire.
M.L.Blanco--ESF