Le futur secrétaire américain au Commerce défend les droits de douane tous azimuts
Les États-Unis doivent privilégier les droits de douane non différenciés plutôt que ciblés, a estimé mercredi le probable futur secrétaire au Commerce Howard Lutnick, pour que la première économie mondiale soit " mieux traitée" par ses partenaires.
"Mon point de vue, et j'en ai discuté avec le président [Donald Trump], est d'avoir une approche pays par pays" plutôt que produit par produit, a déclaré M. Lutnick à l'occasion de son audition de confirmation devant le Sénat américain.
"Nous devons faire en sorte que les États-Unis rendent les choses plus justes. Nous avons été très mal traités dans l'environnement du commerce mondial, tous les pays ont des droits de douane plus élevés, ou des barrières non tarifaires (des normes et règlements qui rendent l'importation de produits plus compliqué, NDLR)", a ajouté le futur secrétaire au Commerce, dont la désignation doit encore être validée par le Sénat.
Reprenant les propos de Donald Trump concernant les relations commerciales des États-Unis, M. Lutnick a ajouté que les autres pays les " traitaient très mal". "Nous devons être mieux traités, nous devons être traités avec respect et nous pouvons utiliser les droits de douane pour créer de la réciprocité, de l'équité et du respect", a-t-il assuré.
Il a néanmoins rejeté l'idée qu'appliquer de larges droits de douane puisse nourrir l'inflation, estimant qu'il s'agissait d'un "non-sens".
"Certains produits particuliers pourraient voir leur prix augmenter, mais pas tous, ce ne serait pas inflationniste. Les deux pays qui appliquent le plus de droits de douane sont l'Inde et la Chine, ils ont le plus de droits de douane, mais pas d'inflation. C'est un non-sens de croire que les droits de douane provoquent l'inflation", a souligné M. Lutnick.
Il s'est toutefois engagé à travailler sur l'impact potentiel sur certains secteurs, tels que l'agriculture et l'industrie, afin d'en limiter les effets en cas de représailles de la part des partenaires commerciaux des États-Unis.
Également interrogé plus précisément sur les relations commerciales avec la Chine, à la fois parmi les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et son principal concurrent au niveau mondial, M. Lutnick a estimé nécessaire de poursuivre la politique de contrôle des exportations menée par le gouvernement de l'ancien président Joe Biden.
"Laissons-les nous concurrencer, mais qu'ils cessent d'utiliser nos outils pour le faire. Je compte être particulièrement attentif à ce niveau", a appuyé M. Lutnick, ajoutant qu'il estimait que les États-Unis devaient mener la course à l'intelligence artificielle.
Mais dans le même temps "je pense que les droits de douane sur la Chine devraient être les plus élevés. Nos adversaires devraient être visés par les plus élevés", a-t-il ajouté.
- Forcer Canada et Mexique "à agir" -
Néanmoins, "le fait que nous ne puissions pas vendre de voitures américaines en Europe n'est pas normal, il nous faut aussi le corriger. Même s'ils sont nos alliés, ils profitent de nous et ils ne nous respectent pas", a affirmé Howard Lutnick.
Durant la campagne présidentielle, le candidat républicain a défendu l'idée d'imposer des droits de douane de 10 à 20% sur l'ensemble des produits entrant aux États-Unis et de 60% à 100% sur les produits provenant de Chine. L'objectif alors affiché était de financer les baisses d'impôts supplémentaires qu'il espérait par ailleurs mettre en place.
Depuis sa prise de fonctions cependant, Donald Trump a brandi la menace de droits de douane pour faire plier des partenaires commerciaux.
Il a notamment annoncé vouloir imposer 25% de droits de douane sur les produits en provenance du Canada et du Mexique, pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange, à compter du 1er février, et d'ajouter 10% de droits de douane sur les produits chinois.
Mais le Canada et le Mexique ne seront pas visés s'ils se décident "à agir" pour limiter le trafic de fentanyl et de migrants entrant aux États-Unis, a assuré M. Lutnick. "S'ils le font, il n'y aura pas de droits de douane".
M. Lutnick, qui a fait fortune dans la finance, était directeur général de la banque d'investissement Cantor Fitzgerald avant sa désignation.
Il a assuré durant son audition qu'il vendrait l'ensemble de ses parts dans les différentes entreprises qu'il pouvait posséder afin d'éviter tout conflit d'intérêts.
A la tête du comité de transition après l'élection de Donald Trump le 5 novembre, il s'est montré à plusieurs reprises critique à l'égard des véhicules électriques et a relevé la responsabilité de la Chine dans la crise des opioïdes qui frappe les États-Unis ces dernières années.
Il avait également regretté la destructions d'emplois industriels aux États-Unis et les délocalisations dans d'autres régions du monde, en particulier vers la Chine.
M.Hernández--ESF