Cinq ans après l'incendie de la tour Grenfell, hommages et quête de justice
Cinq ans après l'incendie de la tour Grenfell à Londres, personnalités politiques et famille royale se sont joints mardi aux survivants et proches des victimes pour rendre hommage aux 72 personnes tuées dans la tragédie.
Le 14 juin 2017, la tour de 24 étages s'enflamme comme une torche dans l'ouest de Londres, le feu parti d'un congélateur défectueux se propageant à grande vitesse par le revêtement posé sur la façade. L'incendie fait 72 morts dont un bébé mort-né, soit le pire d'un immeuble d'habitation depuis la Seconde Guerre mondiale au Royaume-Uni.
Cinq ans après, quatre ministres du Logement et une interminable et coûteuse enquête publique plus tard, trois familles évacuées sont toujours dans l'attente d'une solution permanente de relogement tandis que les changements en matière de sécurité peinent à être mis en oeuvre.
Le prince William, petit-fils de la reine Elizabeth II, et son épouse Kate ont participé à une cérémonie d'hommage mardi en présence de proches de victimes et de survivants au pied de la tour, où vivait une population issue de milieux populaires dans un quartier par ailleurs très cossu, North Kensington.
Plus tôt, survivants et proches avaient participé à un service religieux à l'abbaye de Westminster, dans le centre de Londres, en présence notamment de la Première ministre de l'époque, Theresa May, du maire de Londres Sadiq Khan et du ministre du Logement, Michael Gove. Les noms des 72 victimes y ont été énumérés et les cloches ont sonné 72 fois.
"Le seul moyen de rendre justice (aux victimes) est de continuer notre combat, de continuer notre campagne -que ce soit via la justice, via l'enquête publique ou par des changements législatifs", a affirmé Tiago Alves, 25 ans, qui a échappé à la mort le 14 juin 2017.
Il craint désormais d'autres drames encore plus meurtriers.
- Symbole des inégalités -
Quelque 640.000 Britanniques, selon le journal The Times, vivent encore dans des immeubles recouverts d'un revêtement du même type que celui de la tour Grenfell, un scandale synonyme de coûteux travaux pour de nombreux propriétaires et dont les autorités peinent à sortir.
Le gouvernement a par ailleurs confirmé en mai qu'il conseillait toujours aux habitants d'un immeuble en feu d'attendre les secours avant d'évacuer, allant à l'encontre des recommandations de l'enquête publique et provoquant la colère des survivants de l'incendie.
Selon les associations, les changements en matière de sécurité auraient eu lieu plus tôt s'ils n'avaient pas concerné des foyers pauvres et des minorités ethniques.
"La tour Grenfell est devenue le symbole des inégalités sociales et de l'injustice qui existent dans notre pays", a affirmé une porte-parole du groupe Justice 4 Grenfell en rendant hommage aux victimes.
Le député travailliste David Lammy, qui a perdu une amie dans l'incendie, a estimé que des logements sociaux sûrs "ne devraient pas être quelque chose auquel ce pays aspire", mais "devraient être le simple minimum".
"Il n'y a aucune excuse pour les retards" à mettre en place les changements, a-t-il écrit dans le journal The Evening Standard.
"Une demi-décennie plus tard, nous devrions pouvoir offrir plus que des pensées et des prières. Nous devrions pouvoir fournir les réponses, la justice et les changements auxquels les résidents de Grenfell ont droit", a souligné le maire de Londres dans une tribune publiée dimanche dans The Guardian.
Si l'enquête publique a révélé comment "les profits avaient été priorisés sur la sécurité des gens", "personne n'a vraiment été tenu responsable pour le moment" selon lui et "les changements si nécessaires pour éviter un drame similaire mettent trop de temps à se produire".
L'enquête publique débutée il y a quatre ans et qui ne se terminera pas avant 2023 a surtout donné l'image de responsables se renvoyant la balle. Selon des chiffres du Guardian, la procédure pourrait coûter plus de 250 millions de livres (291 millions d'euros).
U.Alonso--ESF