Records de chaleur battus, la canicule se déplace vers l'est
L'épisode caniculaire d'une précocité inédite qui frappe la France depuis jeudi devrait régresser dimanche dans le sud-ouest et l'ouest où la vigilance rouge a été levée par Météo-France, les fortes chaleurs se décalant vers l'est avec des températures pouvant atteindre les 38 degrés.
Après les nombreux records de chaleur battus samedi dans l'ouest du pays, une "forte dégradation orageuse" est "attendue en soirée dimanche de la Nouvelle-Aquitaine vers l'Ile-de-France" par Météo-France qui souligne un "épisode caniculaire précoce et intense en cours sur une grande partie Est du pays".
Samedi soir, un coup de vent puissant et inattendu sur la "côte fleurie", entre Ouistreham et Deauville, a provoqué la mort d'un kite-surfeur, projeté contre la vitrine d'un restaurant à Villers-sur-Mer (Calvados). Ce phénomène météorologique inattendu, qui a "duré 20 à 25 mn", a également fait "trois blessés légers", a précisé la préfecture.
Si les températures fraîchissent sur la façade atlantique, la vague de chaleur persiste dans les régions du nord-est où Météo-France prévoit jusqu'à 38 degrés, et localement un peu plus dans la plaine d'Alsace.
La barre symbolique des 40°C a aussi été atteinte ailleurs dans l'Ouest, comme dans les Deux-Sèvres (Niort), en Charente-Maritime (Rochefort), en Ille-et-Villaine (à La Noé-Blanche), en Maine-et-Loire (Angers) et Indre-et-Loire (Reignac). Le mercure n'a toutefois pas dépassé les 37°C à Paris.
- Départs de feux et pollution -
Même si elle a entraîné depuis jeudi l'annulation d'évènements festifs, sportifs et culturels, comme comme le pèlerinage des anciens combattants prévu à Lourdes à l'occasion de l'anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, la chaleur n'a pas empêché des dizaines de milliers de personnes de continuer de festoyer au Hellfest, la grand-messe du metal et autres musiques extrêmes à Clisson (Loire-Atlantique).
Par 40°C, les quelques espaces ombragés du site ont été pris d'assaut dans l'après-midi, comme les points d'eau et les structures métalliques arrosant des spectateurs essoufflés mais surexcités et qui n'ont pas renoncé à "pogoter" en plein cagnard, a constaté une journaliste de l'AFP.
A Strasbourg, où la chaleur perdurera dimanche, entre 10 et 15.000 personnes selon la police ont participé à la Marche des visibilités.
Dans certaines villes, les musées ont accueilli des visiteurs en quête de fraîcheur. Bordeaux, où le mercure est monté à 40,5°C selon Météo-France, un record pour juin, les avait d'ailleurs rendus accessibles gratuitement.
A Paris, où parcs et jardins devaient rester ouverts la nuit, le parc aquatique Aquaboulevard a été pris d’assaut par des centaines de personnes venues se rafraîchir dans ses multiples bassins, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
La chaleur, combinée à la sécheresse qui frappait déjà une partie du pays, a favorisé des départs de feux, notamment de récoltes, comme dans les Deux-Sèvres, en vigilance rouge depuis jeudi, où 21 hectares ont brûlé samedi.
Dans l'Aveyron, les pompiers ont continué de lutter contre un incendie qui a détruit 140 hectares de végétation à Comprégnac, avec un vent défavorable et sur un terrain escarpé.
Dans le sud-est, un incendie causé par un tir d'artillerie dans un important camp d'entraînement de l'armée dans le Var a brûlé samedi environ 600 hectares de végétation mais était sur le point d'être fixé.
La canicule a entraîné des niveaux élevés de concentrations d'ozone dans l'air notamment en Ile-de-France, Hauts-de-France, Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes, selon Prev'Air qui indique que "la situation devrait évoluer favorablement" à partir de dimanche.
Cette vague de chaleur est arrivée du Maghreb par la péninsule ibérique où l'Espagne fait face à d'importants incendies, dont l'un a déjà ravagé 20.000 hectares de terrain dans le nord-ouest du pays.
Pour les scientifiques, la multiplication, l'intensification et l'allongement des canicules, aggravés par les émissions de gaz à effet de serre, constituent un marqueur sans équivoque du réchauffement climatique.
A.Abascal--ESF