La compagne de Jean-Paul Guerlain accuse le fils Guerlain de la harceler et de la menacer
La compagne de Jean-Paul Guerlain a accusé lundi devant le tribunal correctionnel de Versailles le fils du célèbre parfumeur de lui mener une "guerre de harcèlement" et de l'avoir menacée à plusieurs reprises.
Stéphane Guerlain, fils unique de Jean-Paul Guerlain, était cité par Christina Kragh Michelsen, la compagne de son père. Absent, le prévenu était représenté par son avocat.
Cette audience est un nouvel épisode judiciaire de la bataille que se livrent Mme Kragh, Franco-Danoise de 64 ans qui vit en concubinage depuis 2005 avec le parfumeur, une des plus grosses fortunes de France, aujourd'hui atteint de la maladie d'Alzheimer, et le fils Guerlain, tuteur de son père.
Mme Kragh a été relaxée, à l'automne dernier, par le tribunal de "délaissement d'une personne incapable de se protéger", en l'occurrence Jean-Paul Guerlain, 85 ans. Le parquet a fait appel de cette relaxe.
Pour l'avocat de Mme Kragh, le fils Guerlain est mû par sa haine envers sa cliente et souhaite la "faire craquer" en lui menant "une guerre de harcèlement permanent".
Quand Stéphane Guerlain "arrive dans la maison, il me suit partout", affirme à la barre Christina Kragh, il prend des décisions unilatérales comme "couper le chauffage" dans leur propriété des Yvelines.
Mme Kragh n'a aucun "intérêt financier" à rester avec Guerlain père, mais le fait "par amour", assure son avocat Frédéric Belot. Elle a "perdu le sommeil, beaucoup de poids" et souffre "de troubles psychologiques".
Trois femmes ont témoigné en sa faveur. Des témoignages contestés par la défense de Stéphane Guerlain, "un homme extrêmement fatigué qui essaie depuis dix ans de veiller à la protection des intérêts de son père", plaide son conseil, Olivier Combe.
Une des témoins a dénoncé une tentative de Stéphane Guerlain de renverser Mme Kragh avec sa voiture. Un témoignage "totalement discrédité" par sa relation amicale avec Mme Kragh, selon Me Combe.
Le tribunal écoute aussi un enregistrement, dans lequel Stéphane Guerlain, avocat, qualifie Mme Kragh de "garce", d'"ordure" et la menace, selon elle, de "lui mettre la tête dans une meule de foin".
"Dans une meule de foin... est-ce une menace de mort ?", ironise Me Combe.
Mme Kragh demande 70.000 euros pour préjudice moral.
Le parquet n'a pas suivi la plaignante, relevant que plusieurs faits étaient prescrits ou non étayés. Surtout, il a jugé que le harcèlement moral aggravé était, dans cette affaire, "très compliqué à caractériser" car il "n'est pas seulement le fait de vivre dans l'inconfort ou subir une inimitié avec quelqu'un".
Le tribunal rendra sa décision vendredi.
M.Aguado--ESF