Valeurs actuelles et Causeur jugés pour diffamation envers le réalisateur Ladj Ly
Les magazines Causeur et Valeurs Actuelles ont-ils diffamé le cinéaste Ladj Ly ? Le tribunal judiciaire de Paris a examiné la question vendredi sans la présence à la barre du réalisateur des "Misérables".
"Force est de constater que peu de vérifications semblent avoir été faites" dans la rédaction de l'article rappelant le passé judiciaire du cinéaste, a estimé la procureure de la République dans ses réquisitions.
"Une enquête assez rapide aurait permis d'éviter les erreurs" factuelles qui ont valu aux deux magazines d'être poursuivis par Ladj Ly, a ajouté la procureure.
Elle ne s'est pas prononcé sur une éventuelle peine à l'encontre des directeurs de publication des deux magazines et de la journaliste qui a signé l'article litigieux, paru sur le site internet de Causeur avant d'être repris sur celui de Valeurs Actuelles.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 1er avril.
L'affaire remonte au 17 décembre 2019, quelques jours avant la cérémonie des Oscars pour laquelle le film de Ladj Ly, prix du jury au festival de Cannes et succès en salles, avait été sélectionné pour y représenter la France.
Ce jour là, Causeur.fr publiait un article intitulé: "Ladj Ly a fait de la prison pour complicité de tentative de meurtre". Il était ponctué des sous-titres "trois ans de prison ferme" et "Quand Ladj Ly faisait appliquer la charia...".
Il s'agit "d'informations gravement diffamatoires", a plaidé Me Julia Minkowski, avocate du cinéaste qui a dénoncé "la malveillance" et "la mauvaise foi extraordinaire" de l'article.
"Causeur est un journal d'opinion pas d'investigation", a rétorqué l'avocat du magazine, Me Rodolphe Bosselut, tout en admettant que le site de Causeur avait commis une "erreur de qualification" en parlant de "tentative de meurtre".
Ladj Ly, aujourd'hui âgé de 41 ans, a été condamné en 2011 à 3 ans de prison ferme pour "complicité d'enlèvement et séquestration" et non de "tentative de meurtre", pour une expédition punitive menée en janvier 2009 avec deux hommes.
L'enquête a démontré qu'il n'avait pas participé aux violences contre la victime.
En 2012, la cour d'appel avait ramené la peine à deux ans d'emprisonnement dont un an avec sursis, purgée par Ladj Ly.
En éclairant son passé, "Causeur posait des questions d'intérêt légitime", a estimé l'avocat du journal, mettant en avant "la liberté d'expression" et rappelant que l'article avait été rectifié le lendemain de sa publication.
L'avocate de M. Ly a réclamé 15.000 euros à titre de dommages et intérêt.
T.Álvarez--ESF