Mexique: le président déplore l'assassinat d'un journaliste
Le président du Mexique a déploré mardi l'assassinat la veille d'un journaliste, dans un pays où une douzaine de photographes d'informateurs ou de commentateurs dénonçant la collusion entre les élus et le crime organisé ont été tués depuis le début de l'année.
Andres Manuel Lopez Obrador s'est indigné du "triste" assassinat par balles de Fredid Roman, lundi soir à Chilpancingo dans l'Etat du Guerrero (sud-ouest).
"Après-demain nous aurons un rapport" sur cet assassinat, a-t-il promis lors de sa conférence de presse quotidienne en présentant ses condoléances aux proches.
La victime publiait un éditorial politique dans un journal local, ainsi qu'une page d'information sur Facebook.
Quelques heures avant son assassinat, M. Roman avait publié sur le réseau social un texte intitulé "crime d'Etat sans inculper le chef".
Il revenait sur le récent rapport du gouvernement qualifiant de "crime d'Etat" la disparition des 43 étudiants d'Ayotzinapa (Guerrero) en septembre 2014.
Citant un "témoin protégé", M. Roman mentionnait une réunion présumée entre quatre responsables de l'époque, dont l'ex-procureur général Jesus Murillo Karam, en détention provisoire pour "disparition forcée" depuis la publication du rapport la semaine dernière, et l'ex-gouverneur du Guerrero.
Quelques dizaines de personnes ont manifesté au cri de "Non au silence", mardi à Acapulco, la vitrine touristique de l'Etat du Guerrero.
Le parquet local a indiqué qu'il enquêtait pour déterminer si l'assassinat de M. Roman pouvait avoir un lien avec celui de son fils, le 1er juillet.
Douze journalistes ont été tués au Mexique depuis le début de l'année, d'après le gouvernement. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) estime que dix ont été tués pour leurs activités journalistiques. Des médias avancent le chiffre de 15 ou seize journalistes tués au Mexique en 2022.
Les victimes sont souvent des journalistes en situation précaire, qui exercent d'autres activités pour vivre. Il peut s'agir aussi de commentateurs de la vie politique locale qui dénoncent la collusion entre les élus et le crime organisé depuis leur propre publication en ligne.
La plupart des assassinats de journalistes restent impunis et surviennent dans des zones affectées par le narcotrafic.
"La collusion entre les autorités et le crime organisé constitue une grave menace pour la sécurité des journalistes", selon RSF.
"Le président Lopez Obrador n’a toujours pas entrepris les réformes nécessaires pour endiguer cette violence et l’impunité qui l’entoure", a déploré l'ONG.
Avec 150 journalistes tués depuis 2000, d'après RSF, le Mexique est considéré comme l'un des pays en paix les plus dangereux pour la presse.
C.Abad--ESF