Italie: neuf morts et quatre disparus lors de violentes intempéries
Au moins neuf personnes ont trouvé la mort dans de violentes intempéries ayant frappé dans la nuit de jeudi à vendredi le centre de l'Italie, selon les autorités locales, remettant le changement climatique au centre du débat politique à une semaine des législatives.
La préfecture d'Ancône, chef-lieu des Marches, la région touchée par ces intempéries, a annoncé en milieu de journée un bilan de neuf morts, contre dix annoncés auparavant par les médias.
Quatre autres personnes ont été portées disparues après les torrents de pluie qui ont dévasté rues et habitations.
A Ancône, un grand port sur l'Adriatique, plusieurs quartiers se sont retrouvés sans électricité et téléphone. Les écoles ont été fermées dans les zones les plus touchées.
Une vidéo des pompiers tournée à Senigallia, une ville portuaire des Marches, montre les secouristes dans des rues désertes, avec l'eau jusqu'à la taille, en train de rechercher des personnes en ramant à bord d'un canot pneumatique.
Des chutes d'arbres et des éboulements de terrain ont coupé de nombreuses routes locales, compliquant le travail des secours.
"Des dizaines de personnes qui s'étaient réfugiées sur les arbres et les toits des maisons ont été secourues", ont annoncé les pompiers vendredi matin sur Twitter, faisant état de "plus de 150 interventions".
Les maires des localités touchées par ces violents orages ont déploré l'absence d'alerte de la part des autorités compétentes. "Cet événement n'était pas prévisible", a toutefois estimé le lieutenant-colonel Guido Guidi, de l'Aéronautique militaire, institution en charge des prévisions météo dans la péninsule.
- "Phénomènes climatiques extrêmes" -
Toute la classe politique a exprimé son soutien à la région des Marches et à sa population, même si d'autres régions voisines ont également été touchées mais plus légèrement, sans déplorer de victimes.
Du président de la République Sergio Mattarella au chef du gouvernement Mario Draghi en passant par Matteo Salvini, chef de la Ligue souverainiste, Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD, centre-gauche) et Giorgia Meloni, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia (FDI), tous ont exprimé leur solidarité.
M. Draghi doit par ailleurs se rendre sur place dans l'après-midi.
"Comment peut-on penser que la lutte contre le changement climatique ne soit pas la première priorité", a également écrit sur les réseaux sociaux M. Letta.
"L'Italie et l'Europe doivent prendre au sérieux le changement climatique", a écrit de son côté sur Twitter le commissaire européen à l'Economie, l'Italien Paolo Gentiloni.
"Ca s'appelle crise climatique, pas intempéries", a réagi pour sa part sur Twitter la branche italienne de "Fridays for Future", le mouvement des jeunes pour le climat, tandis que le président de la Croix Rouge italienne Francesco Rocca s'est dit "préoccupé par la hausse de phénomènes climatiques extrêmes".
Michele Giuli, membre d'Ultima Generazione (Dernière Génération), un mouvement de jeunes militant pour l'environnement, déplore qu'il y ait "aujourd'hui davantage d'intérêt pour la catastrophe climatique" car "des personnes sont mortes".
"Ce qui s'est produit est un événement exceptionnel, auquel personne ne s'attendait. Quelque 400 mm de pluie sont tombés en six heures sur un territoire où généralement il en tombe 1.500 par an", a déclaré à l'AFP Paola Pina D'Astore, conseillère de la Société italienne de géologie environnementale (SIGEA).
"C'est certainement lié aux changements climatiques et nous devons nous y habituer et nous adapter. Ce qui s'est produit c'est l'avenir, un avant-goût de l'avenir", a-t-elle ajouté.
Comme ses voisins européens, l'Italie est affectée par le changement climatique. La plaine du Pô, le plus grand fleuve du pays, a connu cet été sa plus grave sécheresse en 70 ans. Et le 11 juillet, 11 personnes ont été tuées lors de l'effondrement d'un pan du glacier de la Marmolada dans les Alpes italiennes.
T.Álvarez--ESF