Equateur: une avocate disparue dans une école de police retrouvée morte
Une avocate disparue depuis plus d'une semaine dans une école de police de la capitale équatorienne Quito a été retrouvée morte mercredi, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Patricio Carrillo.
La police "a fait son travail et a trouvé Maria Belen Bernal. Je regrette profondément sa mort, un féminicide qui ne restera pas impuni", a déclaré M. Carrillo sur Twitter.
Réagissant lui aussi sur Twitter, le président Guillermo Lasso, actuellement aux Etats-Unis, a exprimé sa "profonde douleur et indignation". "Son féminicide ne restera pas impuni et tous les responsables seront traduits en justice", a-t-il assuré.
- "Menacées partout" -
Environ un millier de personnes, dont une majorité de femmes, ont défilé dans la capitale équatorienne jusqu'au siège de la police pour demander justice.
Des femmes en colère ont crié "Assassins, assassins!" aux policiers qui encadraient la manifestation, d'autres brandissaient des pancartes clamant: "État féminicide" et "Nous voulons être en vie".
"Nous en avons assez de nous sentir menacées partout où nous allons. Les femmes ne sont pas seulement tuées dans la rue, nous sommes tuées par la police elle-même, la police qui est censée assurer la sécurité", a déclaré à l'AFP Paola Pazmiño, une étudiante en droit de 18 ans qui a rejoint la marche.
Des manifestations similaires ont déjà eu lieu les jours précédents.
Le principal suspect, un lieutenant instructeur au sein de l'Ecole supérieure de police (ESP), a été appelé à témoigner deux jours après la disparition mais reste depuis lors introuvable. L'école a entretemps suspendu toutes ses activités et son directeur a été démis de ses fonctions.
"C'est un crime odieux qui nous blesse et nous fait honte à tous. Il est inacceptable qu'un policier ait privé la vie d'une autre personne, alors que le devoir de tout policier est de servir et de protéger les citoyens", a déclaré l'institution policière dans un communiqué.
Mme Bernal est entrée dans l'école de police aux première heures dimanche 11 septembre, un horaire inhabituel pour les visitieurs, pour "apporter de la nourriture (...) c'est pourquoi l'agent l'a autorisée à entrer", selon le commandant de la police, le général Fausto Salinas.
Le gouvernement offre une récompense de 20.000 dollars pour retrouver le suspect. En Équateur, le féminicide est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 26 ans de prison.
L'Equateur connaît des taux élevés de violences sexistes. Selon le bureau du procureur général, au moins 573 femmes ont été assassinées depuis 2014.
Mais selon la Fondation Aldea, 206 féminicides ont été enregistrés depuis le début de l'année.
L.Balcazar--ESF