Médias: Xavier Niel hostile au projet de fusion TF1-M6
Xavier Niel, propriétaire du groupe de télécoms Iliad et actionnaire de plusieurs médias, a affiché vendredi son hostilité au projet de fusion entre TF1 et M6, soulignant n'être "pas confortable" devant les prises de position des autorités de régulation françaises sur cette opération.
"Ces deux groupes sont ultra dominants en France sur le fait de nous amener de l'information. Cette ultra domination économique, et en termes de pluralisme, devrait normalement susciter un certain nombre d'interrogations", a-t-il déclaré devant une commission d'enquête du Sénat.
"Le vrai problème, si on va au bout de cette concentration, c'est que vous enlevez la possibilité de réguler les Gafam (Google, Facebook...)" sur le marché de la publicité, a-t-il ajouté.
Le projet de fusion entre TF1 et M6, les deux principaux groupes audiovisuels privés en France, est soumis à l'autorisation de plusieurs régulateurs, parmi lesquels l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) et l'Autorité de la concurrence.
Très offensif, M. Niel a confirmé avoir lancé plusieurs recours devant la justice.
"Cette fusion est à peine annoncée que le président de l'Arcom nous dit, avant même de nous avoir auditionnés: +Tout va bien, circulez!+. La ministre de la Culture nous dit: +Tout va bien, circulez!+. La présidente de l'Autorité de la Concurrence dit: +On va regarder+. Elle est virée. On se dit à un moment qu'on n'est pas totalement en confiance", a-t-il fustigé.
L'ex-présidente de l'Autorité de la concurrence, Isabelle De Silva, remplacée par Benoît Coeuré début janvier, avait reconnu en octobre avoir été "un peu surprise" par le non-renouvellement de son mandat, auquel elle était candidate.
"Mon pays est une grande démocratie. Je crois en sa justice mais j'ai parfois un petit doute dans ces autorités indépendantes quand cette opération, qui est incroyablement complexe en termes de concurrence, est soutenue par des gens qui normalement devraient faire preuve d'un peu plus de réserves", a souligné M. Niel, réclamant "quelque chose de juste".
Pour pouvoir mener à bien ce projet, TF1 et M6 devront vendre plusieurs chaînes ou céder une fréquence de la télévision numérique terrestre (TNT) pour rentrer dans les clous de la réglementation, selon laquelle un groupe peut détenir sept chaînes au maximum.
Au contraire de son rival Patrick Drahi, propriétaire du groupe Altice (BFM, RMC, SFR...) qui s'était dit prêt à récupérer certains de ces actifs, M. Niel a affirmé ne pas être intéressé.
"Cela me paraît tellement aberrant que je ne peux même pas me projeter dans ce monde", a-t-il déclaré, confirmant toutefois avoir été candidat au rachat de M6, via Mediawan et ses "partenaires", avant que l'offre de TF1 ait été privilégiée par Bertelsmann.
V.Morales--ESF