El Siglo Futuro - Sept ans de prison requis pour viol à Paris contre la star marocaine Saad Lamjarred

Madrid -
Sept ans de prison requis pour viol à Paris contre la star marocaine Saad Lamjarred
Sept ans de prison requis pour viol à Paris contre la star marocaine Saad Lamjarred / Photo: © AFP/Archives

Sept ans de prison requis pour viol à Paris contre la star marocaine Saad Lamjarred

Un viol établi, mais Saad Lamjarred n'est pas un "prédateur sexuel", selon l'accusation. Sept ans d'emprisonnement et cinq ans d'interdiction du territoire français ont été requis jeudi devant la cour d'assises de Paris à l'encontre du chanteur star marocain, qui conteste "toute pénétration".

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Assis à l'avant d'une petite salle remplie de curieux et de fans, Saad Lamjarred, 37 ans, ne montre pas de réaction à l'annonce de la peine demandée. Sur les bancs des parties civiles, Laura P. semble elle accablée.

Ce soir d'octobre 2016, il y a d'un côté "une jeune femme de 20 ans", "en devenir", et de l'autre, "un homme de 31 ans déjà bien installé dans l'existence", commence l'avocat général Jean-Christophe Muller.

Laura P. et le chanteur ultra populaire dans le monde arabe, dont elle n'avait pas entendu parler avant, se sont "plu", à leur rencontre dans une boîte de nuit huppée de la capitale. "Plu" encore lors d'un premier "after", et quand elle le suit à son hôtel, concède l'accusation. Laura P. elle-même a reconnu qu'elle envisageait un "flirt".

Selon la version que la jeune femme avait racontée en pleurs et tremblante à la barre, Saad Lamjarred était soudainement devenu violent alors qu'ils s'embrassaient, avant de la violer et de la frapper.

Saad Lamjarred lui, conteste fermement toute pénétration sexuelle, et reconnaît juste avoir, par "réflexe", "brutalement poussé le visage" de Laura P. qui l'aurait soudainement "griffé" alors qu'ils se déshabillaient.

"Quand on est dans la chambre d'un garçon à 8H30 du matin, on sait que celui-ci veut aller plus loin. C'est objectif, même pour une nonne", tonne son avocat Me Jean-Marc Fedida dans sa plaidoirie. Si elle a changé d'avis, "c'était son droit". Et, "peut-être l'alcool, la cocaïne et le fait qu'elle le rejette ont provoqué ce réflexe inacceptable chez Saad Lamjarred", poursuit-il.

Mais "Saad Lamjarred a toujours dit qu'il n'avait pas pénétré" Laura P. et il n'y a "rien, rien dans le dossier", martèle son deuxième avocat, Me Thierry Herzog.

Les avocats de Saad Lamjarred ont consacré un grande partie de leurs plaidoiries à décortiquer les moeurs de Laura P., "quelqu'un du monde de la nuit, qui en connaît les codes et sait se mettre en scène sur les réseaux sociaux", insiste Me Fedida.

- "Un peu cherché" -

Dans la matinée, ils avaient fait projeter 250 pages de captures d'écran de son compte Instagram - Laura P. en maillot de bain à la plage, Laura P. devant une salade grecque ou donnant à manger à un éléphant - ainsi qu'une photo d'elle en sous-vêtements, pour rappeler son passé de "mannequin".

Comme pour dire, "est-ce qu'elle ne l'a pas un peu cherché", avait grincé l'avocat général dans son réquisitoire.

"Monsieur Lamjarred s'est rendu coupable de faits de viol", avait-il assuré, évoquant les coups constatés sur le corps de Laura, les "traces" à l'intérieur du vagin qui "peuvent être rapportées à un rapport sexuel récent, sans en être spécifique" selon l'expertise, et les déclarations "constantes, depuis le début" de Laura P.

Il a aussi rappelé les témoignages des employés de l'hôtel qui ont pris en charge la jeune femme "terrorisée" à sa fuite de la chambre.

Pour déterminer la peine, il faut "savoir si Saad Lamjarred est un prédateur sexuel, ou quelqu'un qui saisit les occasions qui se présentent", a ensuite avancé l'avocat général, penchant plutôt pour la deuxième option.

Les conseils de Laura P. avaient eux souligné les "trois versions différentes" de la soirée données par Saad Lamjarred, "manifestement un menteur", selon Me Jean-Marc Descoubès.

Le chanteur est visé par des accusations extrêmement similaires à New York, Casablanca et Saint-Tropez, avait de son côté rappelé Me Joël Assouad. Cette dernière affaire, pour laquelle il sera jugé pour viol devant les assises du Var, remonte à 2018, avait noté le conseil. "Il aurait pu se dire +stop, danger+ après l'affaire de Paris, mais non, il continue, c'est pathologique", lance-t-il.

A l'audience, Saad Lamjarred, même pull marine et chemise blanche depuis l'ouverture du procès lundi, a constamment refusé de répondre aux questions concernant ces autres accusations.

Le verdict sera rendu vendredi.

P.Rodríguez--ESF