Cannes fait la part belle au cinéma américain et aux réalisatrices
Les stars américaines en majesté, une place record aux réalisatrices en compétition: le 76e Festival de Cannes a annoncé jeudi sa sélection officielle, à cinq semaines de la course à la Palme d'Or.
Dix-neuf films sont en lice pour succéder à "Sans Filtre", sacré l'an dernier et dont le réalisateur, le Suédois Ruben Östlund préside cette année le jury.
Le festival aura un parfum d'Hollywood: Julianne Moore et Natalie Portman monteront les marches pour le nouveau film de Todd Haynes ("Carol", "Dark Waters"), en compétition, où l'on attend aussi une galaxie de stars emmenée par Wes Anderson pour son "Asteroid City" avec Scarlett Johansson, Adrien Brody et Margot Robbie.
Sa fille, Lily-Rose Depp, devrait aussi monter les marches, aux côtés de la popstar The Weeknd pour "The Idol", un projet entre film et série signé du créateur d'"Euphoria".
Ces stars s'ajoutent à celles dont la venue a d'ores et déjà été annoncée, à commencer par Harrison Ford, pour le 5e "Indiana Jones" qui promet, comme "Top Gun: Maverick" l'an dernier, de créer l'évènement.
Ethan Hawke et Pedro Pascal, star de la série "The Last of us", seront aussi de la partie, pour un court-métrage signé Pedro Almodovar.
Cette présence américaine prouve que Cannes, dont la nouvelle présidente Iris Knobloch vient de la major Warner, ne compte pas laisser à la Mostra de Venise le rôle de rampe de lancement pour Hollywood.
Reste à convaincre Martin Scorsese, Palme d'or en 1976 avec "Taxi Driver" de se frotter à nouveau à la compétition.
Son dernier film, "Killers of the Flower Moon", avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, prévu hors compétition, pourrait encore rejoindre en dernière minute la course à la Palme d'Or. "La demande en a été faite", a précisé le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux; charge aux producteurs, Apple TV et Paramount, de se décider.
D'une manière générale, Cannes "est un extraordinaire tremplin pour le cinéma" et prouve que "rien ne peut remplacer l'évènement que représente une sortie en salles", a déclaré Mme Knobloch, qui prend la suite de Pierre Lescure.
- Plus de parité -
Cette dernière est la première femme à présider le festival, qui envoie cette année le signal qu'il compte avancer un peu plus sur le long chemin de la parité.
Thierry Frémaux a souligné le "nombre jamais atteint" de réalisatrices qui concourent pour la Palme d'Or, remporté seulement deux fois par des femmes: elles seront six sur les rangs, contre cinq l'an dernier.
Parmi elles, la présence d'Alice Rohrwacher témoigne de la vitalité retrouvée du cinéma italien, qui place trois cinéastes en compétition, avec Marco Bellochio et Nanni Moretti.
La compétition voit également le retour au cinéma de la sulfureuse Catherine Breillat, dix ans après son dernier film "Abus de faiblesse" et de graves problèmes de santé.
"C'est encourageant de voir qu'il y a des progrès, mais on adorerait arriver un jour à la parité", a réagi auprès de l'AFP le collectif 50/50, en pointe sur les questions d'égalité.
L'arrivée en compétition d'un premier film, réalisé par une cinéaste sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy, ou de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, signe aussi une volonté d'accorder une place plus importante au cinéma africain.
Les grands noms du cinéma, habitués de la Croisette, ne sont pas oubliés: le Japonais Hirokazu Kore-eda, l'Allemand Wim Wenders, avec deux films dont l'un en compétition, le vétéran britannique Ken Loach aux deux Palmes d'Or, ou encore le Japonais Takeshi Kitano, pour une "comédie de samouraï historique" hors compétition.
Le festival sera aussi marqué par le retour, après la crise sanitaire, de films iraniens et chinois, dont deux films du documentariste Wang Bing, et l'arrivée pour la première fois en sélection officielle de la Mongolie.
Comme chaque année, quelques films pourraient encore s'inviter dans la sélection d'ici le début des festivités. La composition du jury, dont on ne connaît pour l'instant que le président, doit encore être dévoilée, ainsi que l'affiche de cette 76e édition.
A.García--ESF