JT pour les 12-18 ans, mercato agité... France Télé fait le point sur sa rentrée
Donnant la priorité à la jeunesse, aux territoires et à l'urgence climatique tout en misant sur le numérique, France Télévisions a dévoilé mardi sa feuille de route pour la saison prochaine, déjà marquée par un mercato agité.
- "Connectée"-
Dans un contexte bouleversé par les plateformes, "nous devons être partout où se trouvent les publics", a résumé la présidente du groupe public, Delphine Ernotte. "Cela impose de réinventer les formats (...) notamment pour les plus jeunes", en attente de "contenus qui les font grandir, qui répondent à leurs angoisses", a-t-elle ajouté. D'où un doublement d'ici à cinq ans des "investissements dans les contenus dédiés aux moins de 30 ans".
Un journal télévisé quotidien conçu spécialement pour les 12-18 ans sera notamment lancé dès septembre sur YouTube, Snapchat, TikTok et la chaîne franceinfo. franceinfo leur proposera également un nouveau magazine en partenariat avec le média 100% vidéos Brut.
Au coeur des préoccupations de ce public, l'urgence climatique fait également partie des priorités du groupe. Le "journal météo climat" lancé en mars, sera rallongé sur France 2 et France 3, tandis que franceinfo proposera une quotidienne dédiée au climat et à l'écologie.
- JT régionaux contestés -
Principal changement de la rentrée: les éditions des journaux nationaux du 12/13 et du 19/20 sur France 3 laisseront place le 4 septembre à 24 éditions régionales.
La réforme a fait l'objet de trois jours de grève début juillet. Preuve que la tension n'est pas retombée, le Syndicat national des journalistes a appelé mardi à un nouveau mouvement de 48 heures à partir du 3 septembre.
"Année après année, quand on questionne nos téléspectateurs sur ce qu'ils attendent, l'info locale est la demande numéro un", a justifié Mme Ernotte.
"D'ici à 2030, nous amplifierons notre investissement dans les territoires" en collaboration avec Radio France, a-t-elle rappelé, évoquant la création d'une marque commune à France bleu et France 3 (en plus de la plateforme existante Ici), "un projet éditorial commun" et le regroupement de "certaines" équipes des deux groupes "comme dès cette année à Rennes".
Première conséquence de la fin des JT nationaux sur France 3, l'un de ses visages emblématiques, Catherine Matausch, a décidé de quitter le service public, a annoncé le directeur de l'information, Alexandre Kara.
- Chaises musicales -
Le groupe pourrait faire face à un autre départ, celui de Laurent Ruquier, qui n'a pas encore décidé s'il quittait "Les enfants de la télé".
Sophie Davant arrête "Affaire conclue" pour rejoindre Europe 1, tout en animant une nouvelle émission, "Animaux et compagnie", sur France 3. Julia Vignali, qui lui succède dans "Affaire conclue", sera remplacée par Marie Portolano (venue de M6) dans "Télématin".
Jarry prendra les commandes de "Tout le monde veut prendre sa place", en remplacement de Laurence Boccolini, aux manettes d'une nouveauté, "le grand concours des Français".
Approchée par TF1, Faustine Bollaert restera sur France 2, où elle hérite d'un nouveau magazine de conso-témoignage, "Ca vaut le coup".
A noter également, l'arrivée de Jean-Baptiste Marteau à la matinale de franceinfo ou la création d'un talk-show quotidien pour les JO de Paris, présenté par Léa Salamé et Michel Drucker.
France 2 entend, par ailleurs, mettre l'accent sur l'humour avec un talk-show hebdomadaire confié aux humoristes Alex Vizorek et Philippe Caverivière, tandis que Bertrand Chameroy prépare une "nouvelle émission d'infotainment".
- Main tendue -
En pleine négociation avec l'Etat pour son contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour 2024-28, Delphine Ernotte en a profité pour tendre la main aux chaînes privées, qui ont récemment accusé le groupe public de concurrence déloyale.
France Télé ne cherche ni à les "concurencer" ni "à accroître la publicité", a assuré la dirigeante. "Réconcilions-nous", a-t-elle lancé à ses "confrères de TF1 ou de M6".
"Les guéguerres ne sont pas à la hauteur du défi du siècle", a-t-elle insisté, appelant à ne pas "laisser les plateformes imposer une forme d'uniformisation culturelle".
L.Cabrera--ESF