Al Jazeera annonce que deux journalistes ont été tués dans une frappe israélienne
La chaîne de télévision Al Jazeera a déclaré dimanche que deux de ses journalistes palestiniens avaient été tués dans une frappe israélienne sur leur voiture dans la bande de Gaza, accusant l'armée israélienne de "cibler" les journalistes palestiniens.
Hamza Waël Dahdouh, journaliste de la chaîne Al Jazeera, et son collègue Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste qui travaillait avec la chaîne qatarie et collaborait avec l'AFP et d'autres médias internationaux, ont été tués alors qu'ils roulaient en voiture, à la pointe sud du territoire palestinien, pour "effectuer leur travail", a déclaré Al Jazeera. Un troisième journaliste qui voyageait avec eux, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Le ministère de la Santé du Hamas à Gaza avait précédemment annoncé leur mort en l'attribuant à une frappe israélienne.
C'est une "tragédie inimaginable", a déclaré le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qui a entamé une nouvelle tournée dans la région.
Des témoins ont déclaré à l'AFP que deux roquettes avaient été tirées sur la voiture: l'une a touché l'avant du véhicule et l'autre a atteint Hamza, qui était assis à côté du conducteur.
"Nous avons ensuite trouvé les parties du corps (de ceux qui se trouvaient dans la voiture). L'ambulance est arrivée et a transporté ceux qui étaient dans le véhicule", a dit à l'AFP un témoin qui n'a pas souhaité donner son nom pour des raisons de sécurité.
Des images vidéo de l'AFP montrent une foule inspectant la voiture détruite, alors que des flaques de sang étaient encore visibles sur la route. Aucun autre dommage n'était visible dans la zone.
L'AFP a sollicité une réaction de l'armée israélienne qui a demandé les coordonnées de la frappe. Plusieurs heures après les faits, elle n'avait pas répondu à la demande de commentaire.
"Al Jazeera condamne fermement le ciblage par les forces d'occupation israéliennes de la voiture des journalistes palestiniens", a déclaré la chaîne dans un communiqué, accusant Israël de "violer les principes de la liberté de la presse".
Phil Chetwynd, directeur de l'Information de l'AFP, a déclaré que l'agence était "choquée" par la mort de Moustafa et que ses pensées allaient à sa famille.
"Nous condamnons vigoureusement toutes les attaques contre des journalistes qui font leur travail et il est essentiel que nous ayons une explication claire de ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.
Waël al-Dahdouh, père de Hamza al-Dahdouh, est le chef du bureau d'Al Jazeera dans la bande de Gaza. Il avait lui-même été récemment blessé dans une frappe israélienne et a perdu son épouse et deux enfants dans une autre frappe israélienne au cours des premières semaines de la guerre.
"Hamza était tout pour moi (...). Alors que nous sommes plein d'humanité, eux (Israël) sont remplis d'une haine meurtrière", a déclaré M. Dahdouh à Al Jazeera.
Des images le montrent en pleurs dans un hôpital, étreignant la dépouille de son fils, entouré de proches et de journalistes.
- "Le monde ferme les yeux" -
Plus tard dans la journée, de nombreuses personnes se sont rassemblées pour les obsèques.
"Le monde devrait voir avec deux yeux, pas avec un oeil israélien, il devrait voir tout ce qui arrive au peuple palestinien (...) mais le monde ferme les yeux sur ce qui se passe dans la bande de Gaza", a déclaré M. Dahdouh, qui a été vu en train d'embrasser la main de son fils tué.
En décembre, Waël al-Dahdouh avait été blessé lors d'une frappe israélienne qui avait également tué un vidéaste d'Al Jazeera, Samer Abu Daqqa. La chaîne qatarie a perdu trois journalistes depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
M. Thuraya, âgé d'une trentaine d'années, collaborait avec l'AFP depuis 2019. Il a également collaboré avec d'autres médias internationaux.
Lui et Hamza al-Dahdouh s'étaient rendus sur le lieu d'une frappe à Rafah. C'est sur le chemin du retour qu'ils ont été mortellement touchés par une frappe, selon des correspondants de l'AFP.
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a fait 1.140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Les bombardements israéliens ininterrompus sur la bande de Gaza ont fait 22.835 morts, majoritairement des civils, selon le dernier bilan du Hamas, classé "groupe terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne.
"Nous sommes sous le choc", a écrit sur X Christophe Deloire, le secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières, qualifiant la situation de "massacre sans fin".
A.Navarro--ESF