Unilever se sépare de Ben & Jerry's et Magnum, lance des économies avec 7.500 postes touchés
Le géant britannique de l'hygiène et de l'alimentaire Unilever va se séparer de sa division de glaces qui compte notamment les géants Ben & Jerry's ou Magnum, dont les ventes ont déçu l'an dernier, et veut doper ses marges par un plan d'économies qui va toucher 7.500 emplois.
"Une scission" de la division glaces "est la voie de séparation la plus probable" mais "d'autres options seront envisagées afin de maximiser les rendements pour les actionnaires", a précisé Unilever dans un communiqué.
Unilever espère générer des économies d'environ 800 millions d’euros sur les trois prochaines années et sa restructuration "devrait avoir un impact sur environ 7.500 postes" de travail dans le monde détaille-t-il.
"Ces propositions feront l'objet d'une consultation", précise Unilever, qui indique que ses coûts de restructuration seront d'environ 1,2% de son chiffre d'affaires ces trois prochaines années, en légère hausse par rapport aux précédentes projections.
Unilever compte ainsi doper sa croissance et ses marges, dans le cadre d'un plan stratégique dévoilé en octobre pour relancer sa performance.
Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise en juillet, le directeur général Hein Schumacher "a pris des mesures décisives, en lançant le mois dernier un rachat d'actions d'1,5 milliard d'euros et en s'engageant à reconstruire la croissance des marges, mise à mal dans un contexte d'inflation à la suite de la pandémie et à la guerre en Ukraine", commente Victoria Scholar, analyste chez Interactive investor.
Unilever, connu aussi pour les savons Dove, les déodorants Axe ou les soupes Knorr, répercute depuis des mois l'envolée des coûts face à l'inflation élevée. Le groupe avait prévenu cet été que les hausses des prix allaient s'atténuer.
- Glaces "en décalage" -
Sous pression pour améliorer les performances, M. Schumacher avait salué le mois dernier le fait que les marges commencent à se reconstituer mais jugeait que "la compétitivité" du groupe restait "décevante".
Les investisseurs applaudissaient les annonces de mardi et le titre du groupe grimpait de 3,76% à 3.955 pence mardi vers 10H00 GMT à la Bourse de Londres.
Les annonces de mardi "auraient été influencées par l'investisseur activiste" et milliardaire américain Nelson Peltz, au Conseil d'administration depuis 2022 et "qui a apporté des changements similaires" chez le rival d'Unilever Procter & Gamble, poursuit Mme Scholar.
Selon Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown, "les glaces ont toujours semblé en décalage comparé à d'autres gammes de produits, avec des performances difficiles ces derniers temps."
Le groupe avait expliqué l'an dernier vouloir se focaliser sur 30 marques "motrices" qui représentent conjointement 70% des recettes du groupe, et viser une croissance du chiffre d'affaire sous-jacent de 3 à 5%.
La division glaces d'Unilever a réalisé un chiffre d'affaires de 7,9 milliards d'euros en 2023. Mais le groupe avait qualifié le mois dernier de "décevante" la modeste croissance affichée par ce segment d'activité, lors de la publication d'un bénéfice net en baisse de 15% l'an dernier pour l'ensemble du groupe.
Les glaces "présentent des caractéristiques distinctes par rapport aux autres activités opérationnelles", fait valoir Unilever, citant notamment "une chaîne d'approvisionnement et de points de vente prenant en charge les produits surgelés" ou encore "une plus grande saisonnalité".
Unilever, qui espère finaliser la scission d'ici fin 2025, avait aussi été marqué en 2021 par un litige avec sa filiale américaine Ben & Jerry's, qui estimait que la vente de ses glaces dans les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est n'était pas "compatible" avec ses "valeurs", un conflit "résolu" en décembre 2022 par un accord confidentiel.
A.Pérez--ESF