Le Festival de Cannes choisit Vincent Lindon pour présider son jury
A trois semaines de sa 75e édition, le Festival de Cannes a mis fin au suspense mardi en annonçant la composition de son jury, qui sera présidé par l'acteur français Vincent Lindon, prix d'interprétation en 2015 et acteur dans "Titane", la Palme d'or 2021.
Il prendra la suite du réalisateur américain Spike Lee qui, avec son jury, avait couronné le film de la Française Julia Ducournau en juillet 2021.
"C’est un immense honneur, et une très grande fierté de me voir confiée, au milieu du tumulte des multiples événements que nous traversons dans le monde, la splendide et lourde tâche de présider le Jury du 75e Festival International du Film de Cannes", a déclaré Vincent Lindon, cité dans le communiqué du Festival.
Cette annonce survient au terme d'un long suspense: d'ordinaire, le président du jury est connu en début d'année, avec le jury dévoilé quelques semaines avant le Festival.
Avec le redémarrage du cinéma post-pandémie et l'essor des séries, "tous les artistes travaillent", avait souligné mi-avril Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, pour justifier ce calendrier bousculé.
Les noms des actrices Penelope Cruz et Marion Cotillard avaient circulé dans la presse spécialisée, sans être jamais confirmés, ainsi que celui du réalisateur iranien Asghar Farhadi, qui sera finalement membre du jury.
Le cinéaste oscarisé est actuellement accusé de plagiat par une de ses anciennes élèves pour son dernier film "Un héros", Grand Prix au festival de Cannes l'an dernier.
En choisissant Vincent Lindon, 62 ans, le Festival parie sur un fidèle de Cannes, qui a présenté neuf longs métrages sur place depuis 1987 et se plait à parler 7e art lors de masterclass à la Cinémathèque française ou l'Institut Lumière. Aucune personnalité française n'avait occupé cette fonction depuis l'actrice Isabelle Huppert en 2009.
A l'écran, l'acteur incarne souvent un homme contemporain en colère, à la fragilité manifeste, comme dans "La loi du marché" de Stéphane Brizé qui lui avait valu le prix d'interprétation en 2015.
- "Mission: émouvoir" -
Retrouvant le réalisateur trois ans plus tard, et les marches cannoises, il avait présenté en 2018 "En Guerre", où il campait un représentant syndical qui va conduire la lutte pour empêcher la fermeture de son usine.
En juillet 2021, il avait surpris en sapeur-pompier bodybuildé et "meurtri, (qui) a marqué les corps, les cœurs et les esprits", dixit le Festival.
Proche de Thierry Frémaux, Vincent Lindon devra choisir la Palme d'or parmi les 21 films en compétition, dont le dernier opus du Canadien David Cronenberg ou celui du Russe Kirill Serebrennikov, en rupture avec la ligne du régime de Poutine.
Il sera épaulé dans cette mission par l'actrice et réalisatrice anglo-américaine Rebecca Hall ("Vicky Cristina Barcelona"), la Suédoise Noomi Rapace, révélée en 2009 dans la première adaptation de la saga Millenium, l'Italienne Jasmine Trinca (dont le premier long métrage "Marcel!" sera présenté en séance spéciale) et l'Indienne Deepika Padukone.
Quatre réalisateurs de renom viendront compléter ce jury: l'Iranien Asghar Farhadi donc, le Français Ladj Ly ("Les misérables", prix du jury 2019 à Cannes), l'Américain Jeff Nichols (qui avait présenté son film "Loving" en 2016 sur la Croisette) et le Norvégien Joachim Trier ("Julie en 12 chapitres, prix d'interprétation féminine en 2021).
"Avec mon jury, nous nous efforcerons de prendre soin au mieux des films de l’avenir, qui portent tous un même espoir secret, de courage, de loyauté et de liberté ; dont la mission est d’émouvoir le plus grand nombre de femmes et d’hommes en leur parlant de leurs blessures et de leurs joies communes. La culture aide l’âme humaine à s’élever et à espérer pour demain", a souligné Vincent Lindon.
A.Abarca--ESF