La Bourse de Paris ébranlée (-3,83%) par l'invasion russe en Ukraine
La Bourse de Paris a chuté de 3,83% jeudi avec le début de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, qui a fait dévisser les actions et monter le prix des matières premières partout dans le monde.
L'indice vedette CAC 40 a lâché 259,62 points à 6.521,05 points, son plus bas niveau de clôture depuis début octobre 2021. Le volume d’échanges a été près de deux fois plus important qu’a l’accoutumé, à 6,9 milliards d’euros
Vladimir Poutine a lancé jeudi une invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes et pénétration de forces terrestres y compris en direction de la capitale Kiev, faisant en quelques heures des dizaines de morts, selon les autorités ukrainiennes. Ces dernières ont aussi reconnu dans l'après-midi que les Russes avaient conquis un aéroport militaire aux portes de Kiev.
Les marchés ont pris acte qu'"un cap a été franchi", avec le début de l'offensive, observe Patrice Gautry, chef économiste de l'Union bancaire privée.
"Il y avait toujours un espoir d'une solution diplomatique", mais désormais "c'est l'aversion aux risques" qui a saisi les investisseurs, retirant leurs placements en actions d'entreprises, poursuit-il.
D'autant plus qu'"on est dans le pire de ce que n'aiment pas les marchés: l'incertitude", à la fois sur l'évolution de la situation en Ukraine mais aussi autour de la réaction des pays occidentaux, avec les sanctions qui vont suivre la condamnation généralisée.
Les effets de la crise ne se sont pas limités aux marchés actions: les matières premières, notamment le pétrole, ont flambé, le baril de Brent et de WTI dépassant tous deux les 100 dollars pour la première fois depuis 2014, et progressant de plus de 5% chacun.
Les emprunts d’État, jugé plus sûrs par les investisseurs, ont au contraire été recherchés, ce qui faisait baisser leur prix: le rendement pour une obligation à 10 ans de la France est tombée à 0,66%, contre 0,73% mercredi.
Banques et entreprises présentes en Russie ont souffert
Société Générale, présente en Russie via sa filiale Rosbank, a plongé de 12,15% à 27,30 euros. BNP Paribas (-7,49% à 55,09 euros) et Crédit Agricole (-6,45% à 11,86 euros), ont aussi été plombées, comme l'ensemble du secteur européen.
Renault, présent via sa filiale Avtovaz, a dévissé de 9,07% à 29,22 euros. Alstom, qui a une participation de 20% dans le constructeur ferroviaire Transmashholding, a chuté de 6,06% à 22,23 euros, également une des pires performances du CAC 40.
Pertes généralisées
Le luxe (Kering -4,07% à 620,20 euros), les services aux collectivités (Veolia -6,30% à 29,74 euros) mais aussi les valeurs liées à l'énergie (ArcelorMittal -6,53% à 24,92 euros, TotalEnergies -3,87% à 47,62 euros) ou encore les entreprises du secteur technologique (Capgemini - 1,75% à 182,50 euros): presque tous les secteurs ont subi de lourdes pertes.
La défense à l'écart de la tempête
Les entreprises liées à la défense au contraire été recherchées. Deux des trois valeurs dans le vert sur le CAC 40 sont Thalès (+4,87% à 88,36 euros) ainsi que Dassault Systèmes (+1,50% à 40,87 euros) alors que sur l'indice élargi parisien SBF 120, Dassault Aviation a pris 4,18% à 119,50 euros.
La dernière valeur dans le vert sur le CAC 40 est le laboratoire d'analyses Eurofins Scientific (+0,23% à 85,80 euros).
Les résultats comme bouée de sauvetage
D'autres valeurs dans le vert sont celles dont les résultats annuels ont particulièrement plu aux investisseurs, comme le réassureur Scor (+0,55% à 29,19 euros), ou l'entreprise d'inspection et de certification Bureau Veritas (+1,20% à 24,39 euros).
G.Alamilla--ESF