Wall Street termine en baisse, le rebond s'essouffle faute d'avancée sur l'Ukraine
La Bourse de New York a clôturé en baisse jeudi, abandonnée par l'élan amorcé la veille, faute d'avancée dans les discussions entre Ukraine et Russie et sur fond de flambée des matières premières.
Le Dow Jones a cédé 0,29%, à 33.794,66 points, l'indice Nasdaq à perdu 1,56%, à 13.537,94 points, et l'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,53%, à 4.363,49 points.
"C'est difficile pour les marchés actions américains de tenir sur leur élan à cause de la folie ambiante et de l'incertitude", a commenté Karl Haeling, de la banque LBBW.
La deuxième session de négociations, organisée jeudi, s'est achevée sans avancée sur un cessez-le-feu ou une issue diplomatique au conflit. Emissaires ukrainiens et russes se sont néanmoins entendus sur la mise en place de couloirs humanitaires.
Selon le président français Emmanuel Macron, qui s'est entretenu jeudi avec son homologue russe Vladimir Poutine, "le pire est à venir" dans cette guerre et le chef de l'Etat russe veut "prendre le contrôle" de toute l'Ukraine.
"Cela sent l'escalade", a observé Art Hogan, de National Security. "Il semble moins probable" que la crise soit réglée rapidement.
Les investisseurs "sont prudents", ont abondé, dans une note, les analystes de Schwab, et s'interrogent sur les conséquences sur l'économie mondiale du conflit en Ukraine et des sanctions imposées à la Russie.
Sans compter, ont-ils ajouté, "que les prix des matières premières ont explosé et pourraient attiser l'inflation, déjà brûlante".
"Plus vous restez à des niveaux élevés (de prix des matières premières) et plus cela joue sur l'économie", a renchéri Art Hogan.
Le regain d'anxiété se réflétait aussi sur le marché obligataire, où le taux des emprunts d'Etat américains à 10 ans reculait légèrement, à 1,84%, contre 1,87% la veille.
La baisse des taux, qui évoluent en sens inverse du prix des obligations, témoigne de l'appétit des investisseurs pour les actifs jugés les plus sûrs.
Dans ce contexte tendu, les valeurs de croissance ont été prises pour cible, du fabricant de semi-conducteurs AMD (-5,33%) au constructeur Tesla (-4,61%), en passant par PayPal (-4,94%).
A l'opposée, les pétrolières ont profité du très haut niveau des cours du brut, de Chevron (+1,35%) à ExxonMobil (+0,63%). Les aciéristes US Steel (+6,90%) et Cleveland-Cliffs (+7,58%) ont aussi bénéficié du coup de chaud des matières premières.
Les valeurs dites défensives, c'est-à-dire les moins exposées à la conjoncture économique, ont aussi été prisées des investisseurs, comme Walmart (+2,30%) ou le groupe d'engins de chantier Caterpillar (+1,16%).
Ailleurs, la société de stockage de données délocalisé (cloud) Snowflake a décroché (-15,37% à 224,02 dollars) après avoir publié une lourde perte trimestrielle alors que les analystes attendaient un petit bénéfice. Le groupe prévoit aussi un chiffre d'affaires sensiblement inférieur aux attentes du marché pour le premier trimestre.
La chaîne de magasins d'électronique Best Buy a été saluée (+9,22% à 110,14 dollars), après la publication d'un bénéfice net supérieur aux attentes, même si le chiffre d'affaires est lui ressorti en deçà des prévisions.
La maison Ralph Lauren a reculé (-3,04% à 124,57 dollars), au lendemain de la révélation du départ prochain de son responsable commercial, écarté pour des agissements "en violation" avec le règlement interne à l'entreprise, sans plus de précision.
E.Campana--ESF