Des bénévoles sans frontières en Pologne accueillent les réfugiés d'Ukraine
Simon Massey a mis entre parenthèses son boulot dans l'événementiel en Angleterre pour venir aider à accueillir les milliers de réfugiés ukrainiens qui débarquent quotidiennement en Pologne.
"Il y avait beaucoup de gens qui allaient avoir besoin d'aide, alors j'ai dit à ma femme que je me rendais en Pologne", raconte cet homme costaud de 46 ans, entouré d'une foule de gens au poste frontière de Medyka.
"J'ai sauté dans la voiture et suis arrivé ici samedi soir. Je n'avais pas vraiment de plan autre que d'être ici et aider", dit-il.
Comme lui, ils sont des milliers de bénévoles, facilement reconnaissables à leurs gilets jaunes et orange, à Medyka ou à la gare plus que bondée de Przemysl, non loin de là.
Ils servent d'interprètes, fournissent des informations, distribuent de la nourriture et des boissons, portent des valises, poussent des fauteuils roulants ou tiennent des bébés lorsque leurs mères prennent un souffle après leur voyage long et éprouvant.
À son arrivée, Simon Massey a été surpris de découvrir que Medyka était très peu éclairée. Avec sa femme, ils ont organisé un crowdfunding qui a permis de collecter 3.000 livres (3.500 EUR).
Aussitôt, "nous sommes allés à la quincaillerie locale et avons acheté des lampes et des générateurs. Hier nous avons passé la journée à monter le dispositif pour que tout le monde ait de la lumière", raconte-t-il.
Au départ, beaucoup de choses l'horrifiaient "mais à la troisième journée" de 16 heures passée à aider les réfugiés, des images auparavant choquantes sont devenues "tout à fait normales", reconnaît-il.
Plus d'un million de réfugiés sont passés en Pologne depuis que la Russie a envahi l'Ukraine le 24 février. Une grande partie de l'aide est offerte au niveau local.
- "C'est eux qui comptent, pas nous" -
"Une vague d'aide et de solidarité déferle sur la Pologne en ce moment. Les Polonais (...) accueillent les gens chez eux", souligne Janina Ochojska, députée du Parlement européen et responsable d'une importante ONG polonaise.
"Ce sont les ONG et les autorités locales qui coordonnent cette aide énorme, et les bénévoles qui sont présents partout où quelqu'un est dans le besoin", a-t-elle déclaré mardi au Parlement européen.
Aleksandra Herbut, bénévole polonaise, a elle-même été contrainte de mettre en suspens ses études de médecine dans la ville d'Ivano-Frankivsk, dans l'ouest de l'Ukraine.
"L'Ukraine est ma deuxième maison, c'est donc très difficile pour moi de voir tous ces gens qui doivent partir de chez eux", dit-elle, derrière une table où sont disposés des sandwichs, des bouteilles d'eau et du thé.
"J'ai aussi tout laissé là-bas", poursuit la jeune femme, qui a passé la semaine dernière à aider ses amis de la fac africains et indiens à traverser la frontière.
À Medyka, de nombreux bénévoles dorment dans des tentes le long de la route d'accès à la frontière, tandis que d'autres, dont le Gallois Nathan Jones, se sont installés dans leur véhicules.
"On dort dans la voiture, on se lave le visage avec les lingettes et on est prêt à repartir. C'est eux qui comptent, pas nous", raconte ce gardien de prison qui a pris une semaine de congé pour venir servir des repas à la frontière.
"Nous sommes juste à l'endroit où ils passent (vers la Pologne) donc nous en avons des milliers par jour. De 11 heures jusqu'à trois heures du matin", précise-t-il.
Nathan Jones devra bientôt retourner au Pays de Galles, mais son ami Simon Massey pourra rester plus longtemps.
"Au départ, j'ai dit à ma femme que je venais ici pour quinze jours, mais je vais réévaluer cela au fur et à mesure", dit-il, avant d'ajouter: "Je ne suis pas sûr de ce que nous allons faire aujourd'hui mais je suis certain que ce sera quelque chose de bien".
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M.E. De La Fuente--ESF