L'UE en sommet à Versailles exclut une adhésion rapide de l'Ukraine
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, réunis en sommet à Versailles, ont exclu jeudi toute adhésion rapide de l'Ukraine à l'Union européenne, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits.
Les dirigeants des 27 se sont réunis pour élaborer les réponses économiques et militaires au choc de l'invasion russe. "L'Europe a changé sous le coup de la pandémie, elle va changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre", a prédit le président français Emmanuel Macron.
Nous allons réaffirmer que "nous voulons travailler intensivement avec l'Ukraine", a-t-il néanmoins précisé.
"Est-ce qu'on peut aujourd'hui ouvrir une procédure d'adhésion avec un pays en guerre ? Je ne le crois pas. Est-ce qu'on doit fermer la porte et dire jamais ? Ce serait injuste", a résumé Emmanuel Macron.
Le président français, en campagne pour sa réélection, et qui assure la présidence tournante du Conseil de l'UE, a accueilli les dirigeants européens dans le cadre prestigieux du Château de Versailles.
Un dîner de travail est prévu dans la Galerie des Glaces, où fut signé le traité mettant fin à la Première Guerre Mondiale.
Emmanuel Macron voit dans la crise actuelle la confirmation de la nécessité d'une Europe plus souveraine.
Cette guerre va conduire les 27 à prendre "des décisions historiques" pour "complètement redéfinir l'architecture de notre Europe", a-t-il affirmé, en souhaitant notamment "des décisions en matière d'énergie" qui aboutiront à des propositions fin mars lors d'un prochain sommet. Il a aussi appelé à "des décisions en matière de défense" avec "vraisemblablement un conseil exceptionnel" sur ce dossier en mai.
La guerre déclenchée par Vladimir Poutine a souligné le manque de capacités militaires européennes, les 27 Etats membres ayant très largement réduit leurs budgets depuis la fin de la guerre froide.
- Dépendance envers la Russie -
Elle a également mis en lumière l'extrême dépendance de l'UE envers le gaz importé de Russie, qui représente 40% de sa consommation et limite sa capacité d'action contre Moscou. Même si elle a adopté un paquet de sanctions inédit, l'Europe continue de financer la Russie par ses achats énergétiques dont elle est incapable de se priver à très court terme.
Cette dépendance menace aussi son économie qui doit se consolider après avoir déjà subi le choc historique de la pandémie de Covid-19.
Le sommet ne devrait pas accoucher de décisions, mais plutôt fixer des orientations politiques qui seront mises en oeuvre dans les mois à venir.
Selon un projet de conclusions, les Vingt-Sept, qui réaffirment le rôle clé de l'Otan, vont souligner leur volonté d'investir "plus et mieux dans les capacités militaires", alors qu'une stratégie de défense doit être publiée avant la fin du mois.
Ils vont également examiner le projet de la Commission de réduire des deux-tiers la dépendance au gaz russe dès cette année, mais aussi de diminuer les importations de charbon et pétrole de Russie, en diversifiant les fournisseurs et en développant des énergies alternatives comme les renouvelables ou l'hydrogène.
Le renforcement du stockage de gaz, mais aussi "l'optimisation du fonctionnement du marché de l'électricité", réclamés par l'Espagne et la France, sont également évoqués, tout comme un engagement pour de nouvelles mesures urgentes destinées à amortir l'impact de la hausse des prix de l'énergie pour les consommateurs européens. Le litre d'essence à plus de 2 euros fait craindre des révoltes sociales de type "gilets jaunes".
"Nous devons soutenir le pouvoir d'achat des familles avec la même rapidité que nous avons répondu à l'action de la Russie", a déclaré le chef du gouvernement italien, Mario Draghi.
La deuxième journée du sommet vendredi sera consacrée aux discussions sur le renforcement du modèle économique de l'UE, avant une conférence de presse finale dans l'après-midi.
V.Abaroa--ESF