Amazon France propose 3,5% de hausse des salaires, insuffisant disent les syndicats
Amazon France, qui emploie quelque 15.500 salariés, a porté de 3% à 3,5% sa proposition d'augmentation générale des salaires jeudi lors de la dernière réunion de négociation avec les syndicats qui ont jugé cette offre "inadmissible" et entamé de nouvelles actions sur les sites.
"La direction annonce ne vouloir augmenter nos salaires que de 3,5% et nous dit clairement qu'elle n'ira pas plus haut", assuraient la CFDT, Sud, la CGT, la CAT et le syndicat des cadres CFE-CGC dans un communiqué, quelques heures avant la fin de la négociation jeudi.
Cette proposition a été soumise aux syndicats en vue d'une signature lors d'une ultime séance prévue le 20 avril, a précisé l'un d'eux.
"Inadmissible de la part du géant du e-commerce", critiquent les syndicats représentatifs, de surcroît remontés contre une décision d'Amazon de "facturer aux vendeurs une taxe de 5% pour le carburant et l'inflation" au lieu de "penser à ses salariés qui peinent à vivre dignement".
Un mouvement social a éclaté le 4 avril sur les huit sites logistiques d'Amazon en France pour réclamer une augmentation significative des salaires - 5% de hausse minimum - dans un contexte d'inflation et de flambée du prix des carburants.
"Ca ne s’est pas très bien passé. Ce n’était pas vraiment des négociations. La CFDT avait 15 revendications et aucune ne figure finalement dans le projet d'accord", a rapporté à l'AFP Morgane Boulard, déléguée syndicale centrale CFDT au terme des discussions.
"On appelle à des mouvements sur tous les sites. Certains sites qui jusqu'ici n'avaient pas filtré, s'y sont mis. Lauwin-Planque (Nord) est même bloqué et certains chauffeurs ont d’eux-mêmes abandonné leurs camions", a-t-elle ajouté.
Un filtrage des camions était effectué à la sortie de l'entrepôt de Lauwin-Planques où étaient rassemblés quelques dizaines de salariés, a constaté l'AFP.
Evoquant lui aussi un "échec des négociations", Alain Jeault, délégué syndical central CGT, a indiqué de son côté que des "filtrages" avaient "commencé à Chalon, Douai, Montélimar et Senlis".
Amazon a fait "des milliards de bénéfices (en 2021, ndlr), la qualité du travail était donc là", a ajouté Bouzienne Bourdim, chef d'équipe (CFDT) du site de Lauwin-Planques. "3% pour une personne qui gagne 1.500 euros, ça fait même pas 30 euros en plus par mois. Là on ne travaille plus pour vivre mais pour survivre".
Selon différents salariés présents sur le site, des mouvements équivalents auraient également lieu à Chalon-sur-Saône, Montélimar et Boves (Somme).
"La mobilisation est là, mais Amazon a anticipé et déplacé à l'étranger le travail prévu aujourd'hui en France", a expliqué Hakim Taoufik (CAT). "A Saran (Loiret), normalement on livre 80.000 colis par jour. A 9h00, on n'avait que 8.000 unités à distribuer".
De son côté la direction d'Amazon a jugé jeudi soir "attractive" sa proposition d'augmentation des salaires qui est supérieure aux "taux d'augmentation médians constatés cette année en France", tous secteurs confondus, et s'ajoute à d'autres avantages: "un 13e mois qui sera étendu" à davantage de salariés, "une prime de 150 euros versée fin 2022", a précisé une porte-parole.
En 2021, l'accélération du e-commerce liée à la pandémie de Covid a fait bondir les bénéfices d'Amazon de 57% à plus de 33 milliards de dollars.
F.González--ESF