La Banque d'Angleterre maintient ses taux, mais des baisses se profilent à l'horizon
La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu sans surprise son taux directeur à 5,25% jeudi mais s’est dite "optimiste" sur un reflux de l’inflation dans les prochains mois, ce qui pourrait ouvrir la voie à un assouplissement monétaire.
"Nous avons eu des nouvelles encourageantes sur le front de l'inflation et pensons qu’elle tombera proche de notre cible de 2% dans les prochains mois", a commenté le gouverneur de l’institution, Andrew Bailey, ajoutant cependant vouloir voir "davantage de preuves" en ce sens.
Deux membres du Comité de politique monétaire (MPC) ont voté pour une baisse de taux d’un quart de point, contre un seul vote en ce sens lors de la dernière réunion de mars, le reste s'exprimant en faveur d’un maintien du taux directeur à son plus haut niveau depuis 2008, à 5,25%.
Les économistes ne s'attendaient pas à un changement lors de cette décision de mai, et envisagent que l’institution entame son cycle d'assouplissement monétaire cet été, misant largement sur le mois d’août.
- BoE plus rapide que la Fed? -
Reflétant des attentes de baisse de taux renforcées chez les investisseurs, la livre sterling accentuait son recul face au dollar peu après la décision, cédant 0,28% à 1,2463 dollar vers 11H25 GMT (13H25 à Paris).
Le mois dernier, M. Andrew Bailey, avait estimé que les chiffres portant sur avril, attendus ce mois-ci, "devraient faire état d'une forte chute" de l'inflation "vers la cible" de l'autorité monétaire, à savoir 2%.
Si l'inflation a marqué un léger repli au Royaume-Uni en mars, à 3,2% sur un an, contre 3,4% en février, la croissance des salaires a atteint 6% (hors bonus) pour les trois mois achevés fin février, signalant un marché du travail encore tendu.
Des risques inflationnistes persistent notamment car "les risques géopolitiques se sont intensifiés suivant les évènements au Moyen-Orient, bien que cela a pour l’instant eu un impact limité sur le commerce et les prix du pétrole", note en outre la BoE.
La banque centrale britannique prévoit que l’inflation, "augmente légèrement dans la seconde moitié de l’année, jusqu’à environ 2,5%", et estime revenir plus durablement à son objectif en 2026.
Après une série de 14 tours de vis consécutifs entamée en décembre 2021, l'institution avait mis fin à son cycle de resserrement monétaire en septembre, et opté pour le statu quo depuis.
En amont de la décision, les cambistes avaient "cimenté leurs paris sur une action de la BoE plus rapide que celle de la Fed", la Réserve fédérale américaine, avec "deux réductions de taux attendues cette année" côté britannique, indiquait Neil Wilson, analyste chez Finalto.
Côté activité, "la croissance du PIB britannique s’est renforcée depuis le début de l’année", précise la BoE, renversant la tendance de la seconde moitié de 2023, au cours de laquelle le Royaume-Uni est tombé en récession technique.
L’institution monétaire britannique estime que le PIB a grimpé de 0,4% au premier trimestre, et a relevé ses prévisions de croissance à 0,5% pour l'ensemble de l'année 2024 et 1% en 2025 au Royaume-Uni.
En février, elle misait sur 0,25% pour 2024 et 0,75% en 2025. Les chiffres officiels du PIB britannique pour le premier trimestre 2024 seront publiés vendredi.
L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) prévoit de son côté que le Royaume-Uni affiche la plus faible croissance des pays riches du G7 l'an prochain, justement à cause, entre autres, de taux d'intérêt toujours élevés et d'une inflation têtue.
B.Vidal--ESF