Prévention des pandémies: faute de consensus, les négociations continuent
Faute de consensus, les pays qui tentent depuis plus de deux ans de boucler un accord sur la prévention et la lutte contre les pandémies ont décidé vendredi de poursuivre les négociations et sauvegarder les progrès accomplis.
"Ils ont travaillé très dur pour aller aussi loin que possible et trouver un terrain d'entente mais nous n'y sommes pas encore. Nous allons donc poursuivre notre travail", a déclaré le co-président Roland Driece à quelques journalistes au siège de l'Organisation mondiale de la santé à Genève.
C'est l'Assemblée mondiale de la santé (AMS), l'organe suprême de l'OMS, réunie du 27 mai au 1er juin sur les bords du Léman qui dressera l'état des lieux après ce nouveau cycle de négociations.
Les négociateurs, qui se sont retrouvés jour et parfois nuit à négocier au siège de l'OMS depuis le 29 avril, ont convenu de reprendre les discussions "au cours des prochaines semaines pour faire avancer les travaux sur des questions critiques", souligne un communiqué publié vendredi soir.
- Pathogène contre vaccin -
Le discussions porteront notamment sur un nouveau système mondial proposé pour donner accès aux agents pathogènes et le partage des avantages tirés de leur étude (vaccins, traitements et autres diagnostics).
Il débattront aussi de l'articulation entre la prévention des pandémies et la philosophie One Health ou Une seule santé qui tient compte de l'humain mais aussi de l'animal et de l'environnement.
Autre point crucial et épineux: qui paye combien et à qui pour renforcer les capacités des pays à se préparer et à répondre aux pandémies.
"Je salue la détermination dont tous les pays ont fait preuve pour poursuivre leur travail et remplir la mission dans laquelle ils se sont lancés", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
Le souvenir des millions de morts, de la souffrance, des injustices et des immenses dégâts économiques de la pandémie de Covid-19, qui avait incité les pays de l'OMS à se lancer dans l'aventure, s'estompe progressivement et les priorités des gouvernement changent.
Et de profondes divergences sont rapidement apparues sur ce que prévenir et combattre les pandémies veut dire; des lignes de fracture qui n'ont pu être comblées vendredi.
Chacun des 37 articles du projet de texte en discussion a été examiné séparément, les négociateurs nationaux se répartissant en groupes de travail pour tenter de parvenir à un consensus.
Pour arrondir les angles, le projet d'accord actuellement négocié envisageait déjà de retarder l'examen des aspects les plus délicats mais cela n'a pas suffit.
- Tedros à la rescousse -
"Il est juste de dire que des progrès ont été réalisés. Si vous regardez les grandes lignes de l'accord, tous les thèmes importants sont là", a reconnu Ellen 't Hoen, directrice de l'ONG Medicines Law and Policy, qui a suivi les négociations, ajoutant toutefois qu'il "reste un nombre important de questions épineuses qui nécessitent simplement plus de temps".
Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui se voulait encore optimiste mercredi, est venu participer en personne aux discussions se tenant à huis-clos vendredi au siège de l'OMS.
Mike Ryan, le numéro deux de l'organisation et un spécialiste des situations d'urgence, avait aussi fait le déplacement.
Les deux hommes ont vécu aux premières loges les ravages du chacun pour soi dans la lutte contre le Covid-19 et se trouvaient bien placés pour rappeler les enjeux aux négociateurs.
Le docteur Tedros aime à rappeler que la question n'est pas si la prochaine pandémie va frapper, mais quand.
"C'est l'histoire qui se joue sous nos yeux, celle de tous les pays qui se retrouvent pour décider d'un pacte contraignant qui vise à protéger tous les citoyens du monde" a lancé Precious Matsoso, la co-présidente.
"Ce n'est pas un exercice simple. Il s'agit du tout premier processus visant à élaborer une proposition d'accord sur la prévention, la préparation et la réponse à une pandémie. Pour y parvenir, il faut bien faire les choses", a-t-elle souligné.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de rater cette opportunité historique de rendre le monde plus sûr face à la prochaine menace pandémique", a renchéri le co-président Driece.
A.Barbero--ESF