Enseignant, streameuse, activiste : ils racontent "leur" Minecraft
Depuis sa sortie en 2009, le jeu vidéo Minecraft, qui propose aux joueurs d'explorer un univers fantastique fait de briques et de blocs, est devenu un phénomène mondial.
Avec plus de 300 millions d'exemplaires écoulés en 15 ans, c'est le jeu le plus vendu de l'histoire et les silhouettes cubiques de ses personnages sont devenues des incontournables de la pop-culture.
De nombreux utilisateurs ont su pousser Minecraft au-delà de sa simple condition de jeu, l'utilisant dans des projets éducatifs ou d'architecture, pour former des communautés ou combattre la censure.
L'AFP a rencontré quatre d'entre eux, pour leur demander ce que Minecraft a changé dans leur vie et leurs projets.
. La streameuse
En Corée du sud, Yang Ji-Yeong est devenue en une décennie l'une des figures les plus en vue de la scène "gaming", réunissant devant ses parties de Minecraft plusieurs millions de spectateurs sur différentes plateformes de streaming, dont YouTube.
"Je pense que le plus grand atout de Minecraft, c'est d'offrir une liberté totale. Il n'y a pas vraiment de règles ni d'objectifs, le joueur est libre de jouer comme il l'entend", explique la joueuse de 34 ans, plus connue sous le pseudo "Yangdding".
Grâce au succès de ses vidéos, elle peut désormais se consacrer à plein temps à cette activité qui, dit-elle, lui ouvre toujours de nouveaux horizons.
"J'ai récemment été invitée sur un serveur étranger et j'ai été surprise d'apprendre que je pouvais jouer, interagir et communiquer avec des utilisateurs du monde entier sans partager la même langue ni la même culture", raconte-t-elle.
. Le fan de métro
"Minecraft, c'est comme une deuxième vie", confie Raphaël Mesbah, 20 ans. Ce Français, étudiant en médecine, s'est lancé fin 2022 dans un projet pharaonique : reconstruire, ligne après ligne, le métro de Paris.
Ce passionné d'histoire ferroviaire a découvert "vers cinq, six ans" le jeu du studio Mojang : "C'est mon jeu de cœur et je finis toujours par y revenir."
Pour l'épauler, il a réuni une communauté de joueurs via l'application de rencontres gay Grindr. Profitant de sa fonctionnalité de géolocalisation, il a créé un profil qu'il balade dans toute la France et sur lequel les utilisateurs peuvent trouver l'adresse de son serveur.
"Certains ne sont venus qu'une fois, d'autres reviennent", constate le jeune homme, qui a dénombré plus de 250 visiteurs sur son chantier. "C'est un jeu simple et pas cher, beaucoup de gens de ma génération ont déjà un compte dessus".
. La bibliothèque virtuelle
Le 12 mars 2020, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a lancé sur Minecraft sa "Bibliothèque libre", dans laquelle les joueurs peuvent lire des articles de journalistes interdits dans plus de sept pays, comme la Russie, l'Iran ou l'Arabie saoudite.
"Toutes les plateformes en ligne sont des canaux qui permettent de contourner la censure", affirme Vincent Berthier, responsable technologie chez RSF. "Et Minecraft, qui a une force de frappe énorme, passe encore sous les radars."
Il a fallu trois mois aux équipes de BlocWorks, un studio de création partenaire de RSF, pour ériger cet imposant bâtiment au style néoclassique.
Selon les chiffres fournis par RSF, près de 25 millions de joueurs, venus de 160 pays, s'y sont connectés depuis sa création.
. Le professeur
Lorsque Graham Warden, 32 ans, est devenu enseignant dans l'État américain du Texas, il a constaté que Minecraft était "omniprésent" dans la vie de ses élèves.
Cet habitant de la région de Dallas explique que la structure du jeu est un outil utile pour l'apprentissage et la résolution de problèmes, car les joueurs "réfléchissent différemment" lorsqu'ils manipulent des objets et des environnements dans Minecraft et peuvent y faire "des choses qu'on ne peut pas faire dans la vie réelle".
Autiste, il raconte également comment le jeu l'a aidé à s'ouvrir aux autres.
"J'ai rencontré un groupe qui a créé une communauté sur Minecraft. Aussi bizarre que cela puisse paraître, une tâche répétitive comme l'exploitation minière dans le jeu peut apporter la monotonie nécessaire pour inspirer une conversation."
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K.Baro--ESF