Angleterre: vers un régulateur indépendant pour les finances du football
Le gouvernement britannique a annoncé lundi la création prochaine d'un régulateur indépendant du football anglais pour s'assurer que son financement est durable, et cela malgré les objections de la Premier League, qui gère la très médiatique première division locale.
Les ministres ont formellement apporté leur soutien à dix recommandations établies dans un rapport publié en novembre à la demande du gouvernement. Il y est notamment suggéré une meilleure consultation des fans et une distribution plus juste des revenus de la Premier League, le championnat le plus riche du monde.
L'ancienne ministre britannique des Sports Tracey Crouch, a supervisé ce rapport élaboré avec des supporters et commandé après le scandale provoqué en avril 2021 par le projet de Super Ligue européenne lancé par les plus grands clubs anglais, espagnols, et italiens.
Les ministres souhaitent qu'un régulateur indépendant puisse surveiller les finances des clubs et éventuellement disposer du pouvoir de leur accorder des licences et de les sanctionner.
Selon les experts du cabinet d'audit Deloitte, pendant la saison 2018-19, avant la pandémie de Covid-19, les clubs de la deuxième division anglaise (baptisée Championship) dépensaient en moyenne 107% de leurs revenus en salaires, bien au-delà des nouveaux objectifs fixés par l'UEFA (70%).
Le gouvernement souhaite également que le régulateur puisse mettre en place de nouvelles procédures d'évaluation des propriétaires des clubs, en pratiquant notamment un "test d'intégrité". Tout cela sur fond de vente en cours du Chelsea FC par son propriétaire russe Roman Abramovitch, l'oligarque visé par des sanctions après l'invasion de l'Ukraine.
L'ONG Amnesty International a récemment émis des doutes sur le propriétaire de Chelsea et les acheteurs récents de Newcastle, un consortium saoudien. Mais on ignore encore si les droits humains feront partie de ce test d'intégrité.
Le ministre actuel des Sports Nigel Huddleston, s'est dit convaincu que des changements radicaux étaient nécessaires pour préserver l'avenir du football anglais.
La Premier League, qui brasse des centaines de millions de livres sterling, a admis qu'une réforme était nécessaire, mais n'est pas favorable à la mise en place d'un régulateur doté de pouvoirs statutaires par le gouvernement.
Selon Tracey Crouch, ce rapport est "un énorme pas en avant" vers une réforme majeure du football mais son agenda encore flou est "inquiétant" pour les clubs et les supporters.
V.Abaroa--ESF