Hong Kong: le club de la presse étrangère renonce à ses prix sur les droits humains
Le club de la presse étrangère de Hong Kong a suspendu lundi la remise de ses prix sur les droits humains, craignant d'être poursuivi pour avoir franchi "les nouvelles lignes rouges" que Pékin a tracées pour réprimer toute dissidence dans la ville.
"Au cours des deux dernières années, les journalistes de Hong Kong ont travaillé avec de nouvelles +lignes rouges+ sur ce qui est et n'est pas autorisé, mais il reste des zones d'incertitude importantes et nous ne souhaitons pas enfreindre involontairement la loi", a expliqué le président du club, Keith Richburg, dans un communiqué.
"C'est dans ce contexte que nous avons décidé de suspendre les prix".
Cette décision a entraîné huit démissions au sein du comité pour la liberté de la presse du Foreign Correspondents' Club Hong Kong (FCCHK), ont déclaré à l'AFP quatre personnes proches du dossier.
Le FCCHK procédait à une remise annuelle des prix pour les droits humains depuis 26 ans distinguant les reportages sur ce thème en Asie.
Cette annulation a été décidée quelques semaines seulement avant l'annonce des prix de cette année, dont cinq devaient revenir, selon des sources internes, à Stand News, un média local fermé à la fin de l'année dernière, ses principaux rédacteurs ayant été accusés de sédition.
Le conseil d'administration du club a reçu un avis juridique selon lequel il pourrait faire l'objet d'une enquête pour sédition ou dans le cadre de la nouvelle loi sur la sécurité nationale de Hong Kong s'il continuait à remettre des prix à Stand News.
"Le fait que huit d'entre nous aient démissionné en dit long sur le fait que nous pensons désormais que notre fonction est inutile", a déclaré à l'AFP Shibani Mahtani, l'une des membres du comité qui a démissionné.
"Je pense simplement que nous devrions être sincères et intellectuellement honnêtes sur ce que nous voyons à Hong Kong au lieu de prétendre que les choses sont normales et que nous sommes toujours en mesure d'être un véritable club de presse", a-t-elle ajouté.
Hong Kong, qui a été un bastion de la liberté de la presse en Asie, est confronté à une reprise en main autoritaire de la Chine après les massives manifestations démocratiques de 2019.
Trois organes de presse critiques du gouvernement, dont le tabloïd très populaire Apple Daily, ont été contraints de fermer après des enquêtes en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
C.Ferreira--ESF