L'économie américaine est "résiliente", clame Biden, malgré la baisse inattendue du PIB
La croissance américaine a subi un coup d'arrêt inattendu au premier trimestre, le Produit intérieur brut se contractant même de 1,4%, mais l'économie "reste résiliente", a estimé Joe Biden, invoquant des "facteurs techniques" pour expliquer cette baisse de régime.
Le Produit intérieur brut de la première économie du monde a diminué en rythme annualisé, c'est à dire projeté à ce rythme sur l'année. Comparé simplement au dernier trimestre, la baisse est de 0,4%, selon les données du département du Commerce. Les analystes prévoyaient, eux, une croissance de 1,1%.
"Les Etats-Unis sont confrontés aux défis du Covid-19 dans le monde entier, à l'invasion injustifiée de l'Ukraine par (le président russe Vladimir) Poutine et l'inflation mondiale", a réagi le président américain dans un communiqué.
Le premier trimestre marque néanmoins un net renversement de tendance par rapport à un taux de croissance annualisé de 6,9% enregistré au quatrième trimestre 2021.
Il s'agit également du trimestre le plus faible depuis le printemps 2020, lorsque la pandémie avait plongé l'économie américaine dans une profonde récession.
Au premier trimestre, la première économie du monde a été affectée par la vague Omicron qui a traversé le pays et la persistance des problèmes sur les chaînes d'approvisionnement.
L'inflation, déjà élevée, a été exacerbée par l'invasion russe de l'Ukraine fin février.
Quelques économistes ont récemment alerté sur la possibilité d'une récession à court terme, pointant du doigt une combinaison de facteurs affectant l'économie à commencer par l'inflation à un rythme jamais vu depuis le début des années 1980.
Entre janvier et mars, les prix à la consommation ont grimpé de 6,3% en glissement annuel, selon l'indice d'inflation PCE, celui que privilégie la banque centrale américaine (Fed), publié avec le PIB jeudi.
Il faut au moins deux trimestres consécutifs de contraction du PIB pour qu'une économie soit considérée en récession. Il faudra donc attendre le deuxième trimestre pour le savoir.
Outre l'inflation, les entreprises aux Etats-Unis ont été confrontées au premier trimestre, comme l'an passé, à une pénurie de main d'oeuvre qui s'explique là encore par une série de facteurs dont les départs en retraite, des démissions par millions chaque mois alors que la demande est forte depuis un an.
- "Robuste pour le moment" -
De plus, la guerre russo-ukrainienne a frappé les chaînes d'approvisionnement mondiales alors que celles-ci n'étaient pas encore remises de la pandémie.
Le ministère note aussi la diminution des aides gouvernementales ainsi que la baisse des exportations (-5,9%), des dépenses publiques de l'Etat fédéral (-5,9%) tandis que les importations, qui pèsent dans le calcul du PIB, ont augmenté de 17,7%.
La majorité des économistes estiment néanmoins que l'économie américaine reste solide relevant que la consommation, moteur historique de la croissance des Etats-Unis, s'est maintenue.
Au premier trimestre, ces dépenses ont en effet augmenté de 2,7%, après 2,5% au dernier trimestre de l'année dernière.
"Faible en apparence, mais robuste de l'intérieur", a ainsi tweeté Gregory Daco chef économiste EY Parthenon, tout en prenant le soin d'ajouter entre parenthèses: "pour le moment".
"La première contraction du PIB depuis la fin de la récession ne manquera pas d'attiser les craintes d'un ralentissement de l'économie, mais à y regarder de plus près, le rapport n'est pas aussi inquiétant qu'il y paraît", a commenté de son côté Lydia Boussour, économiste chez Oxford economics.
Selon elle, "l'économie est dotée d'une solide force sous-jacente qui a fait preuve de résilience face à Omicron, aux contraintes d'approvisionnement persistantes et à une inflation élevée".
Reste à savoir jusqu'à quand alors que la guerre en Ukraine ralentit la croissance d'une majorité de pays dans le monde et que la politique de la Chine de tolérance 0 sur le Covid continue d'alimenter les problèmes d'approvisionnement.
Dans ce contexte mondial incertain, Joe Biden a une nouvelle fois exhorté le Congrès à faire voter ses plans d'investissements.
Avec une baisse du PIB inattendue et une inflation au plus haut, les yeux sont aussi tournés vers la Banque centrale américaine (Fed) qui se réunit mardi et mercredi.
Son président Jerome Powell avait affirmé la semaine dernière que la Fed envisageait de relever les taux directeurs plus rapidement que prévu. Une politique qui pourrait être remise en question.
O.Aceves--ESF