Pour Duralex, le passage en coopérative est un "soulagement" mais "tout reste à faire"
Un mois après le passage de Duralex en coopérative, les salariés de la mythique verrerie ont officiellement lancé lundi leur nouveau projet, "rassurés" d'avoir sauvé leurs emplois, mais surtout "motivés" de relever les nombreux défis qui les attendent.
"On est très heureux de pouvoir commencer, c'est une récompense de pouvoir lancer la Scop officiellement après plusieurs semaines de galère. On part d'une page blanche, mais on est plein d'énergie et prêts à foncer", s'enthousiasme auprès de l'AFP le directeur général de l'entreprise, François Marciano, lors d'une journée d'ouverture en grande pompe de l'usine aux partenaires et aux journalistes.
Pourtant Duralex, connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable, a bien failli disparaître après un énième redressement judiciaire en avril, plongeant les 226 salariés dans le flou autour de leur avenir.
Une incertitude finalement levée le 26 juillet, lorsque le tribunal de commerce d'Orléans a validé le projet de Scop des salariés, soutenu par 60% du personnel, porté par la direction du site et appuyé par les élus locaux.
- "Salariés exemplaires" -
La Région a par exemple promis son soutien sous forme de garantie bancaire, quand la métropole d'Orléans a proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d'euros.
M. Marciano a d'ailleurs affirmé à maintes reprises que la Scop et ses "précieux soutiens" avaient sauvé les emplois de "salariés exemplaires", "de vrais combattants", aujourd'hui "motivés pour faire rayonner Duralex".
C'est par exemple le cas de Laure Cerandon, responsable des ateliers et salariée de la verrerie depuis onze ans, qui a suivi tous les rebondissements juridiques de son entreprise au tribunal.
"Nous sommes très fiers d'avoir pu conserver nos emplois après tant d'incertitudes et de travailler pour nous-mêmes", raconte-t-elle. "Sans la coopérative, je ne serais pas restée".
D'autres comme Bérengère Perthuis, responsable des achats, ne cachent pas leur "grande émotion".
"C'est un nouveau départ, cela a été très dur à gérer, ces dernières semaines il y a eu beaucoup de stress. Mais aujourd'hui on sent une vraie énergie et on a tous envie de bien faire", se réjouit-elle, sourire aux lèvres.
L'objectif affiché est de "vendre" vite et d'atteindre 40 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2029.
"Nous sommes confiants dans notre capacité à y arriver", affirme le directeur de l'usine. La tâche s'annonce toutefois immense dans un secteur très concurrentiel: en 2023, son chiffre d'affaires, dépendant à 80% des commandes à l'international, est tombé à 24,6 millions d'euros, contre plus de 31 millions en 2022.
Cela passera notamment par l'optimisation des coûts de production, alors que l'entreprise a lourdement subi la flambée des prix de l'énergie après l'invasion russe en Ukraine en 2022.
- "Engouement unique" -
Duralex compte également repenser son packaging, une opération qui "coûte très cher" et fait grimper jusqu'à 40 centimes le prix unitaire, selon le directeur industriel Nicolas Rouffet.
Ces orientations doivent être validées et entérinées lors de la première assemblée générale de la Scop, prévue prochainement.
"Tout reste à faire", reconnaît Vincent Vallin, le directeur de la stratégie. "Mais il y a un engouement unique pour Duralex : depuis fin juillet, les commandes sur internet ont été multipliées par quatre".
La verrerie, qui se targue de chiffres de vente déjà meilleurs que prévus, compte d'ailleurs proposer à la vente trois nouveaux produits par an et cherche à pourvoir 17 postes "dès maintenant", notamment dans le secteur commercial.
Pour lancer son nouveau projet, la marque a officialisé une première collaboration avec Le Slip français, fleuron du "Made in France", avec pour objectif de vendre 50.000 verres d'une édition spéciale, dont une partie des ventes sera reversée directement à la Scop.
F.González--ESF