Porté par les contrats militaires, Thales s'attaque confiant à la réorganisation du spatial en crise
Propulsé par ses activités de défense, le groupe de haute technologie Thales a enregistré une nouvelle hausse de commandes au troisième trimestre et juge que cette bonne dynamique va lui permettre d'absorber le redéploiement de 1.300 salariés de sa branche spatiale en crise.
Thales a enregistré au troisième trimestre sept grandes commandes d'un montant unitaire supérieur à 100 millions d'euros, portant ainsi à 19 le nombre de tels contrats depuis le début de l'année, a annoncé mercredi le groupe spécialisé dans la défense, l'aérospatial et la cybersécurité, qui emploie 80.000 personnes dans 68 pays.
Il y a an an, Thales avait engrangé 12 grandes commandes au 30 septembre, a souligné le directeur financier de Thales Pascal Bouchiat. "Cela progresse beaucoup", a-t-il déclaré à la presse.
Au troisième trimestre, les commandes ont progressé de 26% à 4,8 milliards d'euros.
Et sur les neuf premiers mois de l'année, elles sont également en hausse de 26%, à 15,6 milliards d'euros par rapport à la même période de 2023. Dans la branche défense et sécurité, les commandes ont bondi de 40%.
"Les activités de défense bénéficient d'une visibilité sans égale, grâce à des contrats emblématiques de long terme", a souligné le PDG du groupe Patrice Caine cité dans le communiqué.
Parmi les dernières commandes figurent celles du ministère de la Défense britannique pour la fournitures de missiles à l'Ukraine afin de renforcer la défense anti-aérienne du pays ou de fournitures de systèmes de lutte anti-sous-marine dans le cadre de la construction de six frégates de classe Hunter pour la Marine australienne.
- "Pas de suppressions d'emplois" -
Seul bémol, les commandes sont "en retrait" dans le spatial, qui souffre face à la baisse de la demande pour les satellites européens de télécommunication.
Thales, qui est l'un des leaders européens du secteur, avait annoncé en mars un plan de redéploiement au sein du groupe de 1.300 postes issus de sa branche spatiale Thales Alenia Space dont 1.000 en France. L'autre poids lourd du secteur, Airbus, a annoncé la semaine dernière la suppression de 2.500 postes dans sa branche "Défense et Espace".
"Nous poursuivons nos discussions avec nos partenaires sociaux" pour "baisser des coûts structurels et particulièrement dans l'activité télécommunications, qui continue à souffrir globalement en termes de demande", a souligné Pascal Bouchiat.
Il a réitéré qu'il n'y aurait "pas de suppressions d'emplois" en France.
"Nous bénéficions de la croissance dans nos autres activités, notamment dans la défense et sécurité, également dans l'avionique, de façon à pouvoir assurer des mobilités à l'intérieur du groupe", a-t-il souligné.
"Des personnels de Thales Alenia Space, sans forcément bouger géographiquement de leur site d'appartenance, qu'ils soient à Cannes ou à Toulouse notamment, peuvent travailler au bénéfice d'autres activités qui sont à la recherche de compétences", a-t-il ajouté.
Interrogé sur une possible fusion d'Airbus et de Thales pour créer un champion européen dans le domaine des satellites, le directeur financier a laissé entendre que ce n'était pas une priorité.
"Aujourd'hui, on est vraiment très focalisé sur la restauration de la rentabilité de notre activité spatiale dans un contexte qui est difficile", a-t-il déclaré.
Au 3e trimestre, le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 10,6% à 4,6 milliards d'euros. Sur neuf mois, la progression est de 9,4% à 14 milliards d'euros.
"On est en ligne avec nos anticipations. On a une légère croissance du chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente", a souligné Pascal Bouchiat.
L'avionique, portée par la reprise du trafic aérien, a des perspectives de croissance "solides" tandis que les activités de cybersécurité et de biométrie "bénéficient d'un environnement dynamique", selon le PDG de Thales.
Des éléments qui permettent de "confirmer avec confiance" les objectifs financiers annuels: Thales escompte désormais une croissance de son chiffre d'affaires de 5 à 6% à périmètre et changes constants, et une marge opérationnelle de 11,7% à 11,8%.
A.Pérez--ESF