Les autoroutes devraient rester payantes, selon un rapport sénatorial
Les autoroutes devraient rester payantes à la fin des concessions actuelles, mais leur modèle doit être réformé en profondeur, préconise un rapport remis au Sénat mercredi.
Les concessions actuelles se sont avérées bien plus rentables que prévu pour les sociétés d'autoroutes, note le rapport. Mais une gratuité constituerait "un piège aux conséquences en chaîne aussi étendues que néfastes pour le réseau autoroutier" et "plus largement pour la transition écologique du secteur des transports dans son ensemble", souligne le sénateur centriste de l'Eure Hervé Maurey dans son rapport.
La mort des péages supposerait un financement reposant sur tous les contribuables, avec in fine un énorme cadeau aux automobilistes et transporteurs étrangers.
La gratuité comporterait aussi un risque d’enclencher "une spirale de dégradation rapide et irrémédiable de l’état des infrastructures autoroutières, eu égard notamment au contre-exemple du réseau routier national non concédé dont l’état est aujourd’hui très préoccupant".
Par ailleurs, la gratuité rendrait les autoroutes plus attirantes pour les automobilistes, "au détriment du transport ferroviaire et des transports collectifs urbains".
Le futur modèle autoroutier doit cependant s'appuyer sur un système de concessions "très profondément réformé", a souligné Hervé Maurey à l'AFP.
Les principales concessions actuelles, couvrant plus de 90% des autoroutes concédées, doivent arriver à terme entre 2031 et 2036.
Le nouveau système devra s’appuyer sur des concessions beaucoup plus courtes (de 15 à 20 ans, contre 64 et 75 ans actuellement, après une série de prolongations) et sur moins de kilomètres, comme en Italie, pour éviter qu'une poignée de gros acteurs ne s'emparent de tous les contrats.
Le prix des péages pourrait rester stable, mais une partie de ces sommes pourrait être consacrée à l'entretien des autoroutes non concédées, des routes nationales qui se dégradent, ou du réseau ferroviaire.
Le sénateur s'inquiète par ailleurs de la liste des travaux que doivent réaliser les sociétés avant la fin des contrats: l’État doit notifier la première liste avant la fin 2024 à la Sanef, dont les autoroutes dans le nord de la France sont les premières à arriver à échéance, en 2031.
Les services de l’État cherchent pour l'instant à éviter les contentieux avec les sociétés d'autoroute plutôt qu'à être exigeants, alors que cette liste risque de faire "jurisprudence" dans les prochaines négociations, selon M. Maurey.
Il s'agit notamment de l'entretien des ouvrages d'art, comme les ponts, mais aussi des travaux déjà financés par les péages, mais non réalisés, et dont le montant pourrait être rendu à l’État ou fléché vers d'autres travaux.
S.Delgado--ESF