"Flat tax": à l'Assemblée, la gauche échoue à surtaxer les revenus du capital
La gauche a échoué mercredi à l'Assemblée nationale à alourdir la taxation sur les revenus du capital, le RN ayant joint ses voix à celles de la macronie et de la droite pour s'opposer à cette mesure, au nom de la défense des "petits porteurs" et des "chefs d'entreprise".
Une série d'amendements sur le taux de la "flat tax", proposés par des élus du Nouveau Front populaire (NFP) dans le cadre de l'examen du budget 2025 de l'Etat, ont été retoqués.
La "flat tax", ou "prélèvement forfaitaire unique" (PFU) sur les revenus du capital, a été instaurée en 2018, après la suppression de l'ISF par Emmanuel Macron, avec l'objectif de pousser les contribuables les plus aisés à investir dans l'économie.
La gauche a proposé d'en rehausser le taux - actuellement à 30% - pour le porter à 31, 33, 35 ou 40%. "Aujourd'hui, ce sont les actionnaires qui vivent (...) très bien et très grassement du travail des autres, qui non seulement sont gavés de dividendes, mais en plus sont moins imposés", a argumenté l'ex-Insoumis François Ruffin.
"Vous détestez le capital", a répondu aux élus de gauche Véronique Louwagie (LR). "A vouloir faire les poches, vous pouvez faire fuir" les contribuables, a-t-elle mis en garde.
La semaine dernière, la commission des Finances avait décidé de relever le taux de la taxe de 30 à 33%, une disposition adoptée grâce à l'abstention bienveillante du RN. La mesure, qui aurait rapporté 1,5 milliard d'euros au budget de l'Etat, émanait alors de l'élu Modem Jean-Paul Mattéi, qui y a depuis renoncé.
En séance dans l'hémicycle, l'Assemblée a toutefois rejeté toutes les tentatives d'augmenter la taxe, le RN ayant cette fois choisi de s'opposer à tout changement.
"Les petits porteurs, les chefs d'entreprise, (...) se sont sentis concernés injustement par cette mesure", a expliqué Jean-Philippe Tanguy.
"Nous n'avons pas voulu accumuler des taxes qui donnent l'impression que c'est l'opposition les taxeurs, alors que le gouvernement fait 30 milliards de taxes", a-t-il expliqué à l'AFP après le vote. "C'est un piège dans lequel tombe la gauche", a-t-il ajouté.
Pour le LFI David Guiraud, par ce vote le RN a voulu "sauver le gouvernement Barnier". "Vous le faites parce que vous êtes terrifiés à l'idée d'avoir à vous positionner sur une motion de censure à l'issue d'un 49.3. Vous êtes donc plus intéressés par votre survie politique que par la taxation des plus hauts revenus et par la justice fiscale", a-t-il accusé.
C.M.Diaz--ESF