El Siglo Futuro - Les faux comptes, au coeur de l'enrayement du rachat de Twitter

Madrid -
Les faux comptes, au coeur de l'enrayement du rachat de Twitter
Les faux comptes, au coeur de l'enrayement du rachat de Twitter / Photo: © AFP/Archives

Les faux comptes, au coeur de l'enrayement du rachat de Twitter

Le conditionnement du rachat de Twitter à des garanties sur les faux comptes a placé les "bots", ces programmes informatiques automatisés, au coeur de ce processus mouvementé d'acquisition.

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Ces logiciels extrêmement répandus peuvent être si problématiques que les géants de la tech comme Meta, Google et Twitter ont des équipes entières dédiées à les supprimer.

Mais de quoi s'agit-il exactement?

- Humain ou bot ? -

Les bots sont des logiciels automatisés qui interagissent avec les plateformes ou leurs utilisateurs en se faisant passer pour de vraies personnes, explique à l'AFP Tamer Hassan, patron de l'entreprise de cybersécurité HUMAN, spécialisée dans la distinction entre les humains et les algorithmes sur internet.

Ces programmes sont devenus plus sophistiqués et, lorsqu'ils sont malveillants, constituent l'une des plus grandes menaces informatiques de cette décennie, selon M. Hassan.

Chez Twitter, le terme "bot" désigne souvent les faux comptes mus par une forme d'intelligence artificielle qui peuvent poster des tweets en rafale et même réagir à d'autres publications, détaille l'analyste indépendant Rob Enderle.

- Influence et cybercrime -

"La question est: que feriez-vous si vous pouviez vous faire passer pour un million d'être humains?", demande Tamer Hassan.

"Sur les réseaux sociaux, les bots peuvent être utilisés pour publier des contenus destinés à influencer les opinions des gens, provoquer des réactions et peuvent même servir à des cybercrimes", ajoute-t-il.

Ils peuvent notamment répandre de la désinformation, diriger les utilisateurs vers des sites non fiables et des fausses informations, et faire croire que des publications trompeuses sont populaires en les partageant et en les "aimant".

Les faux comptes, qui sont utilisés dans plus de trois quarts des attaques et fraudes en ligne, peuvent aussi entraîner des personnes dans des arnaques financières, selon M. Hassan.

"Les réseaux sociaux ont des bots depuis longtemps", relève M. Enderle. "Des bots ont été liés à des tentatives pour influencer l'élection américaine et façonner les opinions sur la guerre en Ukraine."

- Le problème avec Twitter -

Twitter tire ses revenus de la publicité et les annonceurs paient pour s'adresser à des personnes, pas des algorithmes.

"Faire de la publicité auprès de bots n'aura pas beaucoup de chances de réussite parce que les bots n'achètent pas de produits", souligne Rob Enderle.

Si les annonceurs paient des frais sur Twitter en fonction du nombre de personnes qui voient leurs publicités, et que ces chiffres sont gonflés par des bots présents sur le réseau, ils sont surfacturés, résume-t-il.

Si Twitter a beaucoup plus de bots que ce qu'il laisse entendre, ses revenus pourraient s'effondrer une fois ces faux comptes identifiés et supprimés.

Le directeur exécutif de Twitter, Parag Agrawal, a affirmé que moins de 5% des comptes actifs sur Twitter étaient des faux, mais que l'évaluation du caractère humain des comptes ne pouvait être conduite de façon indépendante en raison de la nécessité de garder les données des utilisateurs confidentielles.

Elon Musk a lui assuré que le nombre réel de faux comptes pourrait être quatre fois plus élevé que ce que dit Twitter, et qu'il ferait de leur suppression une priorité s'il acquiert la plateforme.

Le groupe à l'oiseau bleu a des règles au sujet des comptes automatisés qui empêchent notamment les bots de publier des messages sur des sujets d'actualité brûlante, d'envoyer des spams, de tenter d'influencer les conversations en ligne et d'opérer plusieurs comptes simultanément.

Les faux comptes sont un problème récurrent et connu des réseaux sociaux. Qu'Elon Musk en ait fait un point d'achoppement lors du processus d'acquisition semble donc être "une façon de se dérober au rachat ou d'obtenir un prix inférieur", selon M. Enderle.

R.Salamanca--ESF