Wall Street termine en ordre dispersé, sous une pluie de mauvais chiffres
La Bourse de New York a terminé sur une note contrastée mardi, mal orientée par des publications d'entreprises jugées décevantes et des données macroéconomiques accréditant la thèse d'un ralentissement économique aux Etats-Unis.
L'indice Nasdaq, à forte composition technologique, a lâché 2,35%, tandis que l'indice élargi S&P 500 a cédé 0,81%. Le Dow Jones a lui réussi à finir dans le vert, en hausse de 0,15%.
Les investisseurs se sont particulièrement délesté des valeurs technologiques et de croissance, annulant le semblant d'élan qui avait animé la séance de lundi.
Pour Angelo Kourkafas, d'Edward Jones, c'est particulièrement l'avertissement sur résultats de Snap, lundi après Bourse, "qui a pesé sur le secteur technologique".
La maison mère du réseau social Snapchat a indiqué que son chiffre d’affaires et son résultat du deuxième trimestre seraient vraisemblablement inférieurs au bas de la fourchette initialement annoncée.
Amputé de 43,08% de sa capitalisation sur une seule séance, Snap a entraîné avec lui tout le segment des acteurs d'internet dont le modèle s'appuie sur la publicité, de Meta (-7,62%) à Alphabet (-5,14%), en passant par Pinterest (-23,64%) et Twitter (-5,55%).
"Ce n'est pas que Snap soit un poids lourd en termes de capitalisation (20 milliards de dollars seulement) ou d'influence dans la tech", a expliqué Angelo Kourkafas, "mais c'est un signal qui montre que les vents contraires soufflent de plus en plus fort."
Les valeurs de croissance, soumises à une extrême volatilité depuis plusieurs mois, ont, elles aussi, été prise dans la tempête, à l'instar de Lyft (-17,27%), Tesla (-6,93%) ou Uber (-9,38%).
Le Dow Jones, lui, est parvenu à garder la tête hors de l'eau grâce aux valeurs dites défensives, c'est-à-dire réputées moins sensibles aux cycles économiques.
Coca-Cola (+1,85%), Procter & Gamble (+1,78%) ou McDonald's (+2,74%) ont ainsi bien figuré.
L'impression d'une économie qui rétrograde a été confirmée par les indices PMI des services et de l'activité manufacturière, qui sont tous deux ressortis en mai à un niveau inférieur au mois précédent.
L'humeur a encore été assombrie par la chute de 16,6% des ventes de logements neufs en avril aux Etats-Unis, prenant de court les analystes, qui tablaient sur un léger repli de 1,7%.
Sur un marché toujours très volatil, les investisseurs "réévaluent" en permanence leurs prévisions de trajectoire économique, selon Tom Hainlin, de US Bank Wealth Management.
La question est de savoir si le durcissement monétaire de la Banque centrale américaine (Fed) "va mener à une récession généralisée ou une contraction des bénéfices des entreprises qui ferait encore baisser les cours des actions".
Pour Tom Hainlin, Wall Street est en phase de transition, faute de données concluantes sur la trajectoire de l'inflation, une période qui devrait durer au moins un ou deux mois encore, avec des séances qui voient les indices osciller brutalement.
Jouant de nouveau son rôle de refuge, après des mois de repli, le marché obligataire a eu mardi la faveur des investisseurs. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans est descendu à 2,75%, contre 2,85% la veille.
Autre indicateur de conjoncture, le secteur de la distribution qui via une nouvelle volée de chiffres a confirmé qu'il souffrait de la flambée des prix, qui contracte ses marges mais commence aussi à handicaper la consommation.
L'enseigne de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch (-28,58% à 19,09 dollars) a été, par exemple, sanctionnée après la publication d'une perte trimestrielle, alors que les analystes tablaient sur un petit bénéfice. Le groupe a aussi revu à la baisse ses objectifs de marge, pour prendre en compte la hausse des coûts d'approvisionnement et de transport.
Parmi les quelques entreprises à tirer leur épingle du jeu figurait également Zoom (+5,61% à 94,34 dollars), qui s'il a fait état d’une croissance ralentie a relevé son objectif de bénéfice.
C.Ferreira--ESF