Norvège: le fonds souverain affiche des gains record en 2024 grâce aux "Sept Magnifiques"
Le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a affiché des résultats record l'an dernier, gagnant près de 7.000 euros par seconde, dopé par ses placements dans les "Sept Magnifiques" dont la domination est toutefois contestée aujourd'hui.
En données brutes, c'est le plus gros rendement de son histoire: 2.511 milliards de couronnes (214 milliards d'euros), soit près de 80.000 couronnes par seconde, ce qui a contribué à porter sa valeur totale à 19.742 milliards de couronnes à la fin de l'année.
"Ca a été une très bonne année pour le fonds", s'est félicité son chef, Nicolai Tangen, lors d'une présentation. "Cela ne durera pas une éternité", a-t-il toutefois ajouté comme à son accoutumée.
En pourcentage, le rendement s'est élevé à 13%, loin des 21,3% engrangés en 2023.
Comme cette année-là, le fonds a été en grande partie porté par les valeurs technologiques.
Ce secteur lui a rapporté plus de 1.170 milliards de couronnes en 2024, soit près de la moitié de ses gains annuels.
Si le fonds est présent au capital de quelque 9.000 entreprises à travers le monde, ses parts dans les "Sept Magnifiques" -Apple, Amazon, Alphabet (maison mère de Google), Meta (Facebook, Instagram), Microsoft, Nvidia et Tesla- représentent à elles seules 17% de ses placements boursiers.
"Nous devons apprendre à vivre avec un risque de concentration plus élevé que dans le passé, et je ne pense pas qu'il y ait grand-chose qu'on puisse faire", a estimé M. Tangen.
Illustration de ce risque, les valeurs tech se sont effondrées à Wall Street lundi -avant de se reprendre quelque peu mardi-, après l'arrivée sur le devant de la scène de la start-up chinoise d'intelligence artificielle DeepSeek.
Celle-ci a sorti la semaine dernière un nouveau modèle d'IA générative similaire à ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et d'autres, pour une fraction des coûts induits par les géants américains.
- Accident de parcours? -
"Est-ce un simple accident de parcours ou quelque chose de plus grave? Bien sûr, on ne sait pas", a commenté le chef du fonds norvégien au sujet du plongeon du début de semaine.
Evoquant les valorisations vertigineuses des géants de la tech américaine, son numéro deux, Trond Grande, a quant à lui estimé que ces actions étaient "chères" mais, a-t-il précisé, "je ne suis pas sûr que ce soit une bulle".
Le fonds n'a pas procédé à des "changements majeurs" dans ses placements depuis le trou d'air boursier de lundi, a précisé M. Tangen.
Tous secteurs confondus, les actions, qui représentaient 71,4% du portefeuille du fonds fin 2024, ont rapporté 18% sur l'année.
Les placements obligataires (26,6% du portefeuille) ont pour leur part affiché un modeste rendement de 1%.
En revanche, les investissements immobiliers (1,8% des actifs) et les placements dans les projets d'énergies renouvelables (un actif encore marginal) sont tombés dans le rouge, affichant des rendements de -1% et -10% respectivement.
Alimenté par les revenus pétroliers de l'Etat norvégien, le fonds est le plus gros investisseur individuel de la planète.
Outre le rendement de ses investissements, sa valeur fluctue en fonction des versements -ou ponctions- du gouvernement norvégien et les effets de change, deux facteurs qui ont aussi eu un effet positif l'an dernier.
P.Rodríguez--ESF