Patrice Vergriete nouveau patron de l'Anru, pilier de la rénovation urbaine
L'ancien ministre Patrice Vergriete est le nouveau président de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) qui pilote depuis plus de vingt ans la transformation des quartiers populaires, à un moment charnière pour l'avenir de l'agence.
Le maire de Dunkerque, également président de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), a été nommé "président du conseil d'administration de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine par décret du président de la République en date du 29 janvier 2025", a-t-on appris vendredi au Journal officiel.
"Patrice Vergriete est un grand connaisseur des enjeux du logement, de l’urbanisme, de la politique de la ville et des politiques de renouvellement urbain", a indiqué l'Anru dans un communiqué.
"L’Anru transforme le quotidien de millions de Français depuis plus de 20 ans (...) Je suis donc fier de concourir à la fabrication de la ville de demain, une ville adaptée à toutes les transitions qui ne laisse aucun habitant, aucun quartier en marge de la société", a déclaré Patrice Vergriete, cité dans le communiqué.
Pilier de la politique de la ville conçue pour changer le visage des anciens grands ensembles, l'Anru avait été critiquée pour son bilan lors des violences urbaines de l'été 2023, l'extrême droite dénonçant notamment une politique trop généreuse sans résultats tangibles.
Des critiques largement balayées par les élus de banlieue, pour qui la situation serait encore plus catastrophique sans les programmes Anru.
Éphémère ministre délégué chargé du Logement sous le gouvernement d'Elisabeth Borne, Patrice Vergriete, 56 ans avait ensuite été chargé des Transports sous Gabriel Attal pendant les Jeux olympiques, avant de retrouver son fauteuil de maire de Dunkerque (DVG) en septembre.
Polytechnicien, ingénieur général des Ponts, docteur en aménagement, son parcours est un exemple de réussite républicaine, né d'un père ouvrier chaudronnier aux Chantiers de France et d'une mère femme au foyer.
- "Agence à durée déterminée" -
En tant que maire de Dunkerque, il s'est illustré par sa politique de gratuité des transports publics et de réindustrialisation, grâce à l'implantation d'usines de batteries électriques.
La présidence de l'Anru était restée vacante depuis la nomination en janvier 2024 au gouvernement de son ancienne patronne Catherine Vautrin.
Si cette vacance n'a pas entravé le fonctionnement de l'agence, pilotée au quotidien par la directrice générale Anne-Claire Mialot, il lui manquait toutefois un visage politique.
La première version du projet de loi de finances pour 2025 n'avait ainsi pas prévu d'abonder le budget de l'Anru, suscitant de fortes inquiétudes notamment chez les maires. Une erreur corrigée dans la dernière version, qui lui octroie 50 millions d'euros.
La nomination de M. Vergriete intervient à un moment charnière pour l'avenir de l'Anru, vingt ans après les émeutes de 2005 et alors qu'un rapport sur son action, initialement attendu pour l'été 2024, doit permettre de définir les vingt prochaines années du renouvellement urbain.
Ce rapport doit se pencher sur son périmètre d'action et les instruments de sa politique, mais aussi sur son financement et sur la place des habitants dans les projets.
"L'Anru est une agence à durée déterminée", avait expliqué en septembre l'un de ses représentants à l'AFP, faisant référence à la fin prochaine de son programme phare, le NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement urbain).
Née d'un décret du 9 février 2004 sous l'impulsion de Jean-Louis Borloo, ministre chargé de la Ville puis du Logement, l'Anru pilote de spectaculaires opérations de démolition de tours et barres d'immeubles et de rénovation de logements, pour désenclaver les quartiers populaires et améliorer la qualité de vie, la mixité sociale et la sécurité.
Dans le premier programme, achevé en 2021, elle avait engagé 11,3 milliards d'euros, avec des effets tangibles sur le niveau de vie dans les quartiers les plus ciblés mais beaucoup moins dans ceux où les opérations ont été moins intenses, selon un rapport de France stratégie publié en février 2024.
Le deuxième programme, le NPNRU, avec un budget de 12 milliards, majoritairement financé par l'organisme paritaire Action logement (8,4 milliards) mais aussi par les bailleurs sociaux et l'Etat, intègre de nouvelles dimensions, notamment environnementales, et doit s'achever en 2030.
M.Rubio--ESF